Pièce considérée maudite, souvent adaptée, rarement aussi brillamment.
La perle à ne pas rater de ce début d'année.
Joël Cohen commence se carrière solo en tant que directeur de façon magistrale avec son adaptation de Macbeth — de William Shakespeare pour les incultes. Comme si l’aîné de cette fratrie géniale avait encore à prouver son talent cela dit, car lui et son frère nous ont pondu quelques-uns des meilleurs films de ces dernières décennies, soyons francs.
Mais là il part seul, ne craignant point de s’attaquer à une pièce la plus emblématique de la littérature anglaise. Il prendra le produit de base et injectera sa touche personnelle pour en faire une œuvre époustouflante.
À l’heure où la majorité des films ont un budget scénario inversement proportionnel au budget alloué à leurs effets spéciaux, où les récits sont étirés pour en faire des films longs et pénibles. Oui le format systématique de plus de deux heures devient de moins justifié à mon avis au vu des histoires que l’on nous propose, mais bref, ses réalisateurs sont portés au nu en ce moment, donc on va faire comme si.
Ici, 1h45 de pur bonheur, générique compris.
Les peurs présentes sont moins que des imaginations horribles
- William Shakespeare , Macbeth , 1,3
Joel Cohen se réapproprie les codes du théâtre, fais tout construire en studio, filme en noir et blanc uniquement et 36 jours plus tard il boucle un film abouti.
Il bousculera les conventions, avec plaisir au passage, en donnant le rôle principal à un acteur noir, à savoir un Denzel Washington qui prouve qu’il vaut bien mieux que les derniers rôles qu’on lui offre. Un choix osé qui me fait penser aux choix qu’a dû faire Shakespeare pour ne pas trop blesser la monarchie en place lors de la sortie à l’époque. Le reste du casting est tout aussi efficace Brendan Gleeson, Frances McDormand ou encore le parfait Henry Melling qui est bien loin du méchant et bête cousin qui terrorisait le pauvre Harry Potter.
La photographie de ce film est envoutante, l’ambiance électrisante, Macbeth va à l’essentiel dans un style pur et tout en contraste, sublimé par une musique pénétrante.
Les plans s’enchainent dans un rythme inspiré, le passage des sorcières est juste magique, intriguant et malsain comme il faut. Les hallucinations de notre torturé Macbeth sont intelligemment mises en scène, venant porter un texte si justement décliné par les acteurs.
Pour conclure
Tout est bien fait ici, une forme soignée, un fond respecté, transcendant ce classique qui traverse les âges depuis maintenant le 17e siècle.
Ce film est une œuvre d’art, une claque visuelle qui m’a donné envie de replonger dans ce texte si riche et puissant.
« The tragedy of Macbeth » à voir de toute urgence sur AppleTV+