Plongez dans l’univers de la bande dessinée Kaamelott, avec celui qui a donné vie sur papier aux héros que tout le monde a vu à l’écran !
Dans le hors série Geek Magazine consacré aux légendes arthuriennes, nous avons eu tellement d’interviews que tout ne tenait pas dans les pages. Heureusement, on a un site qui nous permet de distordre le temps et l’espace. Pour traiter de la bande dessinée Kaamelott, nous avons aussi croisé les interviews entre Steven Dupré, le dessinateur, et Alexandre Astier, créateur et scénariste. Pour le site, nous avons de nouveau séparé les entretiens, et voici celui consacré à Steven Dupré. Pour voir l’intégralité de l’entretien avec Alexandre Astier sur la bande dessinée Kaamelott, c’est ici !
Nos lecteurs connaissent bien l’univers de Kaamelott, mais ils connaissent peut-être un peu moins le vôtre, comme celui que vous traitez dans vos albums Midgard, par exemple. Est-ce que vous pourriez nous parler un peu de votre univers, vos inspirations ?
À part Kaamelott, tout au début, j’avais fait une série humoristique qui parlait de la mythologie viking, et que je faisais dans la tradition flamande, à savoir une demi-page par jour, publiée dans un journal. J’ai fait ça pendant 6 ans, donc il y a 20 tomes. J’ai appris mon métier comme ça, avec les deadlines strictes d’un journal, à raison de trois planches par semaine, et j’ai dû apprendre à travailler vite. Après, j’ai travaillé sur quelques albums par-ci, quelques albums par là, et je n’ai pas fait de longue série, ce qui présente l’avantage de la diversité de styles et de tons ; réaliste, humoristique, caricatural, des choses que j’ai écrites, des scénarios d’autres auteurs. Et depuis presque 15 ans maintenant, la seule constante, c’est Kaamelott. Constant, même si c’est irrégulier ! (rires)
Vous ne connaissiez pas vraiment la série avant de commencer à travailler sur la BD, je suppose que vous vous êtes rattrapé depuis. Comment est-ce que vous vous êtes approprié l’univers d’Alexandre Astier pour en faire le vôtre dans la bande dessinée ?
Ça reste le même univers, je crois, non ? C’est juste que le medium utilisé pour raconter des histoires est différent, mais l’univers de Kaamelott reste le même. Effectivement, comme je ne connaissais pas la série télé, j’ai fait les premières planches à l’instinct, et personne à l’époque ne savait le type de dessin que cherchait Alexandre pour ce projet. Je l’ai fait comme je le sentais, et apparemment, ça lui a plu, et j’ai continué sur le même chemin, de manière très instinctive, et quand ça ne correspondait pas avec l’univers d’Alexandre, il me donnait des précisions dans le scénario. Je crois qu’on apprend en cours de route.
Et vous, qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet, quand on vous l’a proposé ?
Le médiéval. En fait, mon éditeur m’avait proposé deux projets différents, l’un dans un univers médiéval, et l’autre était un thriller politique qui se jouait à la maison blanche. Je n’avais pas du tout envie de dessiner des gens en costume cravate, mais en revanche, je trouvais bien plus fun de travailler sur le projet médiéval. Mais je ne savais pas que c’était Kaamelott !
Est-ce que vous avez un personnage favori, autant du point de vue du dessin que par ses traits de caractère ?
Le plus amusant à dessiner, je trouve que c’est Léodagan. Est-ce que c’est mon personnage préféré ? Pas vraiment, mais j’aime bien le dessiner ! Il a un visage particulier, avec beaucoup de caractère, donc à dessiner, c’est plus… Je dirais pas « plus facile », parce qu’il y a plus de travail sur lui que pour les autres, mais ce n’est pas pareil que de dessiner des « beaux gosses », et c’est plus amusant.
Est-ce qu’il y a un personnage dans la série que vous aimeriez traiter, et que vous n’auriez pas encore tellement abordé pour le moment ?
Je crois qu’il en reste plein ! Le roi burgonde, par exemple, et beaucoup de femmes aussi, parce que dans la BD, il n’y a pas beaucoup de femmes !
Pour ceux qui connaissent bien la série, on retrouve dans la bande dessinée énormément de détails dans les costumes et les décors, si bien qu’on entend presque parler les personnages quand on lit les bulles. Pourtant, il ressort des traits de personnalités propres à l’univers de la bande dessinée. Comment avez-vous travaillé les personnages pour leur insuffler ça ?
(Rires) Je ne suis pas un gars qui réfléchit beaucoup quand je dessine… Je le fais un peu comme je le sens, et en tout cas, Alexandre regarde toujours les croquis avant l’encrage. Au début, ça prenait beaucoup de temps, mais maintenant qu’on est au tome 9, il y a moins de choses à rectifier, et ça prend moins de temps. C’est lui mon premier lecteur, mais c’est aussi lui qui connaît le mieux l’univers de Kaamelott. Je lui fais confiance, et apparemment, il me fait confiance aussi.
Est-ce que vous savez si Alexandre Astier pourrait vouloir aborder d’autres moments de Kaamelott que la saison 1 en bande dessinée ?
A priori, non. Parce qu’à part ce diptyque, les albums peuvent être lus indépendamment les uns des autres, sans avoir à suivre une chronologie particulière.
D’une manière générale, il y a assez peu d’effets spéciaux dans la série, et pourtant, l’univers fantastique est déjà très présent, mais parfois filmé hors champ. En bande dessinée, tout devient réalisable. J’imagine qu’Alexandre Astier était pressé de traiter ça de cette façon ; est-ce que vous lui avez fait des propositions, des suggestions ? Je pense à l’orque, ou la bataille contre les nécromans…
En audiovisuel, tout ça coûte très cher, alors qu’en BD, évidemment, on peut tout faire, avec quelques lignes sur le papier. Bien sûr, ça me prend beaucoup plus de temps de faire de grandes batailles, mais c’est toujours faisable. C’est une façon de compléter l’univers de Kaamelott avec des choses qu’on ne pourrait pas faire à la télévision. Quand on commence un nouveau tome, il ne me raconte pas l’histoire, et je ne sais pas tout ce qui s’y passe. Il me dit juste s’il y a de nouveaux personnages, de nouvelles créatures, on en parle, je fais des croquis que je lui propose, mais on ne sait pas encore ce qui va rester ou non dedans. Mais des suggestions pas tellement, parce que je suis le dessinateur de ses histoires, et je me mets au service de ce qu’il écrit. C’est très différent quand on travaille sur le scénario de quelqu’un d’autre. Dans ce cas, je m’en mêle très peu. Quand on écrit soi-même, on est responsable de tout, mais là ce qui peut arriver de temps en temps, ce sera de rassembler ce qui a été prévu pour deux cases en une seule, ou au contraire, en découper une en plusieurs, utiliser un autre point de vue que celui proposé, mais ce sont de tout petits détails.
Avec 9 albums maintenant, c’est la série la plus longue sur laquelle vous avez travaillé récemment. Est-ce que c’est reposant de rester sur une même histoire longtemps ? Est-ce que vous avez des envies d’aborder d’autres univers, des projets personnels ?
J’ai toujours d’autres projets, pas nécessairement personnels, mais c’est vrai que je m’ennuie facilement si je dois ne traiter qu’un seul sujet. Avec Kaamelott, j’ai toujours le temps de faire d’autres choses à côté aussi.
Est-ce que vous savez si la série Kaamelott en bande dessinée a un nombre d’albums définis, ou si vous continuerez indéfiniment tant que vous en aurez l’envie et l’énergie ?
On n’a pas de raison d’arrêter ! On s’amuse bien tous les deux ! Et tant que les gens aiment les lire…
Et est-ce que vous êtes déjà en train de travailler sur le prochain tome ?
Pas encore, il faudra attendre la sortie du film avant de commencer à travailler sur le prochain album, donc pour le moment, je ne connais rien de plus que le titre : Karadoc et l’Icosaèdre, qu’on trouve à la fin du dernier album. Peut-être que ça a un rapport avec le jeu de rôle ?
Vous pouvez donc retrouver cette interview en condensé dans le Hors Série Geek Magazine sur les légendes arthuriennes, ainsi que de nombreux autres entretiens (Alain Chabat, Joëlle Sevilla, Lionel Astier, Serge Papagalli et bien d’autres), et des pages d’analyse sur Kaamelott, ainsi que le reste de l’univers arthurien. Attention, numéro collector !