Nous avons commencé à en parler dans le dernier numéro de Geek Magazine, avec notamment une interview de Nicolas Petrimaux par Alexandre Aja, mais les albums sont arrivés tard, et nous n'avons pas pu intégrer ce qui suit aux pages du magazine ! Alors on s’est dit qu’on allait jouer les prolongations sur notre site web, et vous expliquer ici pourquoi on a tant aimé Il faut flinguer Ramirez tomes I et II.
La bande dessinée se porte très bien, surtout quand on voit d’autres secteurs de l’édition papier, qui ont de plus en plus de mal à tenir face aux géants du web, et au tout numérique (nous sommes d’ailleurs heureux de faire partie des défenseurs d’une certaine presse, même si ça ne nous empêche pas d’être aussi présents sur le net). Au milieu de cette offre gigantesque de bande dessinée, dans laquelle on doit naturellement inclure les mangas et les comics, il peut être parfois difficile de se démarquer, mais Nicolas Petrimaux a su trouver les mots, le trait, le rythme, et une mise en scène endiablée pour cette aventure dont deux tomes sont déjà disponibles. On attend la suite avec impatience !
En résumé
Vous allez découvrir les mésaventures de Jacques Ramirez, simple employé d’une grande firme d’aspirateurs, qui du jour au lendemain se retrouve embarqué dans les pires histoires. Pourquoi lui en veut-on autant ? parce qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à un assassin à la solde d’un gang, dont on avait perdu toute trace. Encore, s’il avait eu un physique banal, on aurait pu croire à une coïncidence, mais une ganache comme la sienne, ça ne s’invente pas. Qui est réellement Jacques Ramirez ? Est-il vraiment l’employé modèle tel que le connaissent ses collègues ?
Les influences
Il faut flinguer Ramirez, c’est autant une déclaration d’amour à la bande dessinée qu’au cinéma. Les cadres se chevauchent et débordent des pages comme si l’auteur manquait de place pour tout mettre, comme s’il avait besoin de faire des plans de coupe pour montrer un détail pour appuyer une action. Il donne à voir lorsque c’est nécessaire, mais il sait aussi prendre son temps, n’hésitant pas à distordre le temps en répétant la même case lors de dialogues qui méritent qu’on ralentisse l’action. Ou même sans dialogue. Pour parfaire l’immersion, vous ne trouverez pas de numéros de pages, comme si rien d’autre ne comptait que l’histoire. En même temps, vous n’en aurez pas besoin ; malgré les 144 pages du premier tome et les 192 pages du second, vous ne devriez pas vous arrêter avant d’avoir terminé. Vivement le tome 3 !
Et malgré tout, si jamais vous aviez besoin de faire une pause, le récit est scindé en quelques chapitres, qui vous permettront de reprendre votre souffle, ou faire durer le plaisir. Pour filer la comparaison des inspirations cinématographiques de Nicolas Petrimaux, il profite de ces chapitres pour aménager de véritables entractes, mis en page comme des affiches énigmatiques. Il convient alors de resituer l’action dans le temps et l’espace, par un titre qui aura lui aussi un arrière goût filmique, en s’intégrant aux perspectives du décor, comme on l’a beaucoup vu sur grand écran depuis l’arrivée de la modélisation 3D.
Pourtant, il s’agit bien d’une bande dessinée, et il serait faux de croire que c’est simplement ou uniquement un film mis en pages. En effet, si les influences sont multiples et variées, il s’agit véritablement d’une bande dessinée pur jus, sachant utiliser les codes du medium avec soin. Les traits sont précis fourmillant de détails et d’effets de textures. Les couleurs sont vives, sachant alterner entre réalisme et symbolisme pour vous faire ressentir les températures extrêmes de l’Arizona et transcrire les émotions des personnages. On reconnaitra aussi les inspirations venant du comics, tant dans la manière d’agencer les cases que dans les pages de publicité, que Nicolas Petrimaux s’est amusé à parodier en y intégrant des éléments de l’intrigue, offrant de nouvelles respirations au récit, tout en continuant de l’enrichir de façon originale.
On aimerait bien trouver du mal à en dire, mais le fait est que c’est une réussite sur toute la ligne… Ne nous croyez pas sur parole, allez donc feuilleter un exemplaire dans votre librairie favorite, et vous vous ferez votre idée ! En attendant, vous pouvez toujours aller jeter un oeil au compte Instagram de Nicolas Petrimaux, et aller écouter la chanson Silent Man, composée par Faik Sharr spécialement pour l’album.