Troïka! c’est quoi?

Petit format cartonné de presque 120 pages. Troïka! ne paie pas de mine. Tout au plus son illustration semble vous prévenir “Attention Jdr différent!”. Elle ne ment pas.

Minimaliste

Un peu plus d’une dizaine de pages pour les règles, un peu moins d’une cinquantaine pour la totale (matos, magie et bestiaire). Des règles courtes, simples, ramassées qui le destinent à des MJ démerdards. Cette simplicité peut être un bon outil d’initiation au jdr côté joueur -mais pas MJ.

Créatif

L’univers de jeu se dévoile indirectement au travers de l’ensemble de ses éléments. Dans les scénarios bien évidemment, mais aussi et surtout dans une phrase de description d’un métier, d’un sort ou d’un équipement. Il est pour les joueurs et meneurs imaginatifs, qui s’empareront des briques fondamentales et les assaisonneront à leurs goûts!

Pas cher

Cela peut sembler anecdotique, mais Troïka! c’est une gamme abordable. 24,90 le livre de base, 19,90 le premier supplément scénario. Détail de poids, Troïka! vous offre la permission de publier vos propres créations sous son nom, comme ça, sans chichi!

Vous êtes Ceux-Sales-Nés, engendrés dans le ciel convexe éclairé seulement par les grands anti-soleils noirs et les fausses lumières.

Troïka! c’est un cri de ralliement pour rôlistes à l’imaginaire débridé et amateurs de règles concises.

J’veux un scénar!

Alors si tout ce côté déjanté fait sa force, au début on peut être vite perdu. Bonne nouvelle, le premier supplément de la gamme, Frondes de bienveillance, est un scénario! C’est un pointcrawl, c’est-à-dire un ensemble de lieux – problèmes – personnages reliés par une mécanique simple de gestion des voyages, dans lequel les joueurs vont barboter. Sans trop spoiler il s’agit de sauver le duché de votre ami/patron/Dieu (rayer la mention inutile) d’une insurrection.

Pour nous ça a vraiment bien pris, même si il faut avouer que c’est vite devenu le gros bazar avec mes joueuses. Normal, c’est fait pour. L’incongruité et l’aléatoire de certains éléments sont source de rebondissements, quand ce n’est pas carrément un salto arrière sous amphète. Au-delà du fun, on note une prise en main facile et rapide, les enjeux et complications de chaque endroit étant clairement indiqués.

[Attention Divulgâchage! Warning Spoil! 警告の戦利品! Le Duc DeCorticus, une noble créature végétale semi-divinisé, a besoin de Terres Rares pour survivre. Justement l’approvisionnement est bloqué alors qu’une insurrection guette le Duché de Plandra, hasard ou coïncidence? Devinez qui c’est qui s’y colle? Du coup le pointcrawl prend son sens puisque les joueurs vont courir à droite et à gauche pour résoudre tout ça! C’est donc l’occasion d’introduire plein de lieux bien louches: Badlands arc-en-ciel, Chêne bleu, Dôme de la mine verte 470, le Mur, l’astéroïde (et ses occupants!)… Situations ubuesques, créatures biscornues et autres chevaliers Jardinier du Tubercule Sacré au programme (bon, j’avoue, j’ai un petit faible pour les taupes-primitives de l’astéroïde, oui, ok, d’accord). Je vais pas tout vous révéler non plus].

Petit retour d’expérience personnel…

Quand j’ai testé Troïka! C’était un dimanche, après une petite relecture enjouée du samedi. J’étais pas prêt au chaos. Celui de ma table, mais surtout celui engendré par l’élan de créativité qui en a suivi. J’ai passé mon lundi suivant à la création de 36 antécédents supplémentaires pour la genèse de personnages. Autant que le livre de base. J’ai converti des scénars perso de med-fan un peu barrés pour Troïka!… je me suis totalement laissé prendre dans ses filets!

C’est jubilatoire, un grand temps de popote maison de jdr! Un jeu pour les explorateurs du jdr qui aiment sortir le hachoir de la cuisine pour tout passer à leur sauce. Un paradis des bidouilleurs. Et c’est fait pour ça!

Un truc pour le game design de quelque chose? Tu fais comme dans le livre, tu écris “Spécial: blabla”, y a difficilement plus simple!