KABBALE est un jeu de rôle d'espionnage ésotérique et horrifique, un self-torture & body horror porn existentialiste et toxicomane.
Il est réservé à des joueurs expérimentés et avertis! Il est interdit aux moins de 18.
Ces avertissements ne sont pas une stratégie marketing et doivent être pris au sérieux. Bienvenue dans un rodéo ludique et complétement insane proposé par Laurent Rambour.
Désobéir
Survivre
S’enfuir ou subir pour toujours
Réaliser que tout a été permis parce qu’en réalité rien n’est vrai
La came est un lapin blanc
Le lapin blanc est un agent double
Comprendre que rien n’est vrai et par conséquent tout est encore possible
L’Indicible est ce mal que nous ne pouvons nommer et donc combattre
Il n’y a pas une vérité, mais plusieurs. Et toutes nous condamnent
rien n'est vrai. tout est possible
“Gentil Lecteur,
le verbe va se ruer sur toi, te broyer avec ses griffes d’homme-léopard, t’arracher doigts et orteils comme on fait aux crabes opportunistes, te pendre au gibet et happer ton foutre comme un chien scrutable, s’enrouler autour de tes cuisses à la manière d’un crotale et te seringuer un dé à coudre d’ectoplasme ranci…”
–Le Festin Nu, William S. Burroughs
“Ton plan était irréalisable à l’époque et il est périmé aujourd’hui… comme la machine volante de Léonard de Vinci…”
-William S. Burrouhgs
Cultes impies, trahisons fraternelles, révélations infernales...
...votre pain quotidien...
...dont même la mort ne saurait vous délivrer.
Le livre des horreurs magnifiques
Commençons par souligner que ce livre est beau, épais, riche, superbement illustré… (et quelquefois écrit un peu petit malgré ces 360 pages. Voilà, tout le mal que je pourrais en dire est fait).
Il y a de la nudité, de la violence, du sexe, de l’autodestruction, de l’abus immodéré de psychotropes illicites et de nombreuses créatures difformes et blasphématoires rôdant à la lisière de l’ombre. Pourtant en pleine lumière ce n’est guère mieux, il règne un état fachiste, une dictature quasi religieuse guide une société puritaine, oppressive, castratrice et normative…
Le texte est dense, complet, quelquefois difficile et toujours exigent! Kabbale s’adresse déjà à des meneurs expérimentés prêts à relever le défi de la réalité hallucinée dans laquelle évolue les personnages joueurs.
Une ambiance exacerbée par les mécaniques de jeu
Ce livre de base est avant tout une immense boite à outils des règles de Kabbale. De la création de persos à la gestion de sectes, en passant par la confection de votre chef-d’œuvre artistique subversive et corrompue. Ces règles tournent autour de deux axes.
Le premier moteur de jeu se base sur l’utilisation d’une échelle unique de réussite pour tout le groupe, L’Echelle de Jacob, qui ne cesse de diminuer au long de la partie augmentant de plus en plus la pression sur les épaules des joueurs. Les habitués de l’éditeur reconnaitront la parenté au système du jdr Dés de Sang par Willy Dupont. C’est un concept très irréaliste, plus les joueurs font des tests, moins ils ont de chance de les réussir. Cela semble non-simulationniste, et pour cause, l’ambiance apportée est celle d’un récit d’horreur, plus l’histoire avance plus il existe de chances que tout se passe mal, très mal… Cette Echelle de Jacob est donc très avisée lorsqu’il s’agit de faire vivre une angoisse grandissante, elle soutient la montée de tension du scénario. Un système qui convient à ce qu’il propose de jouer!
Le second moteur de jeu fait intervenir un système de cartes (oui tout comme dans One %, mais pas vraiment pareil), fort “jolies” et spécifiques au jeu, utilisées pour symboliser des éléments narratifs, des blessures ou la bénédiction de leur Indicible Maître Obscure. Une menace indéterminée mais ressentie pèse sur la kabbale des personnages, le meneur pose la carte face cachée sur la table. Au final c’est un outil très utile pour se repérer dans les différents arcs narratifs de l’histoire et tous les éléments qui s’y croisent… car croyez moi ils sont nombreux et le jeu est conçu pour que cela soit ainsi!
Nous pourrions aborder aussi les règles du cut-up, jeu poétique de cadavre exquis qui s’invite dans vos parties. Apportant un souffle de poésie maladive et de créativité au bord de la folie.
De celles, relativement perverses, de la décompensation psychotique que vous subirez un jour ou l’autre…
De celles sur l’addiction qui vous pend au bout du nez à chaque partie à force de jouer avec le feu…
Mais l’intérêt à la limite du fascinant de Kabbale c’est l’univers qui se dessine dans ce jeu. Car toutes ces règles ne sont là que pour le soutenir et l’exploiter au mieux, ce qu’elles réalisent parfaitement. Ce monde, il est subtilement disséminé dans l’ensemble de l’ouvrage, et c’est de lui que nous allons désormais parler…
L’univers de jeu, devant le voile des secrets
Vous êtes quelque part entre les années vingt et cinquante… ceci reste relativement indéterminé et sous la houlette du meneur, des suppléments viendront fournir des cadres spécifiques tel Montmartre ou Le Caire. Ce qui est précisément déterminé ici c’est l’ambiance, les menaces et les vérités cachées, politiques et mystiques qui gouvernent le monde dans le dos des pantins qui le peuplent.
Bienvenu dans un monde de paranoïa…
Vous appartenez à une secte, vous êtes un marginal reconnu ou caché. L’Inquisition est votre ennemie, vos concitoyens sont vos ennemis, vos collègues de travail sont vos ennemis, votre famille est votre ennemie.
Heureusement votre kabbale est là, pour vous soutenir et vous éclairer sur la réalité du monde… sauf si elle vous utilise, sauf si elle vous trahit, sauf si elle vous assassine. Il ne peut y avoir qu’un seul amant occulte pour votre Dieu, vous êtes prêt à tout pour que ce soit vous!
…rempli de secrets occultes…
Vous l’aurez compris Kabbale est un jeu à secrets, pour les joueurs! Vous cher meneur, après tous vos effort pour l’adopter, il sera votre. Vous saurez ce qui se cache au delà des Portes d’Airain, ce qui nage et dévore dans les Limbes, vous connaitrez les espoirs de Malaka Saba et les traitrises de Salomon. Vous saurez qui sont les dieux, qui sont les usurpateurs et qui sont les fous.
…abandonné à l’esthétisme surréaliste et horrifiant.
Car Kabbale est un hommage à Burroughs et Cronenberg. Vous désirez une idée de scénario de ce jeu, regardez le tout premier Hellraiser, tous les éléments du film peuvent être facilement raccrochés à un élément du jeu. Ainsi vous aurez alors un infime aperçu des possibilités qui s’offrent à vous.
Pour conclure rôlistiquement!
Kabbale est un bijou dans sa catégorie. Certes cette dernière ne s’adresse pas à tous. Sa difficulté, son exigence, la noirceur et la crudité de ses thèmes ne s’adressent absolument pas au grand public. Mais pour ceux qui franchiront le pas c’est un voyage entre la folie de Kult, l’occultisme de Nephilim, l’horreur de Cthulhu et les conspirations de Vampire.
Je vous laisse en vous souhaitant à tous de terribles cauchemars…
Dispo ici