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Malgré ses maladresses, la première saison de the Witcher avait su nous convaincre grâce à l’investissement du monolithique Henri Cavill et de l’envoûtante Anya Cahalotra, assortie d’une absence de concessions. Sexe et violence étaient au programme de cette série malgré tout un peu confuse dans sa narration, et assez pauvre visuellement. Heureusement, cette nouvelle saison corrige le tir, pour notre plus grand plaisir.

Portrait de famille

Une histoire de famille

Les réseaux sociaux auront sans doute joué un rôle positif dans sa conception tant cette saison semble avoir pris en compte les critiques émises contre la première. Vous y trouverez donc une seule ligne temporelle, une explication plus claire du principe de l’« enfant-surprise » et du rôle de Ciri, et une production design un peu moins cheap. Sur le fond, Lauren Schmidt Hissrich continue à prendre quelques libertés en modulant à sa guise les histoires d’Andrzej Sapkowski.

Pour mémoire, la saga du Sorceleur présente une narration un peu singulière. Ses deux premiers ouvrages sont en effet composés de nouvelles, avant que l’histoire débute véritablement dans une série de cinq romans à partir du troisième tome. Suivant une méthode éprouvée sur la saison initiale, le premier épisode s’inspire d’une nouvelle, un Grain de Vérité, pensée comme une sorte d’hommage à la Belle et la Bête. Le temple de Melitele et Nenneke, issus de la Voix de la Raison, également dans le Dernier Vœu (troisième volume de nouvelles reprenant celles du premier, oui c’est un peu compliqué), font tardivement leur première apparition dans la série. Mais surtout, nous découvrons la forteresse des Sorceleurs, Kaer Morhen, introduite quant à elle dans le premier roman : le Sang des Elfes. Et avec elle Vesemir, mentor et père de substitution de Geralt, parfaitement campé par un Kim Bodnia moins bonhomme que dans les jeux vidéos.

La série reprend là le rail de l’intrigue principale des romans : la fuite de Ciri et son entraînement par les Sorceleurs et Yennefer. Ce rite initiatique, transformant une petite princesse en guerrière est particulièrement bien traité, et n’oublie jamais que the Witcher parle avant tout d’êtres solitaires essayant de se composer une famille. Brutalement sortie de l’enfance, Ciri devient une femme et apprend à se battre pour ne plus avoir à se cacher, tout en comprenant l’ampleur de son destin. En parallèle, la toute puissante Yennefer se retrouve contrainte à une fuite en avant après avoir perdu ses pouvoirs. Une mise en perspective intéressante, où les rôles sont inversés. Fidèle à la relation « Je t’aime moi non plus » brillamment développée dans les livres, le jeu du chat et de la souris entretenu entre Geralt et Yennefer, qui ne cessent de se perdre et de se retrouver, est par ailleurs habilement retranscrit.

On est d'accord, elle est jolie

Sexe, violence et politique

L’action est toujours aussi bien troussée, avec une nouvelle galerie de monstres numériques encore plus soignés et quelques tentatives audacieuses de mise en scène. La série s’avère toutefois plus chiche en érotisme soft, un parti-pris assumé par une show-runneuse souhaitant se concentrer sur le thème de la famille. Le gros défaut de cette S2 apparaît surtout lorsque la série s’embourbe dans des imbroglios politiques à n’en plus finir, à l’image des romans, assortis d’une métaphore un peu lourdingue sur la persécution des elfes. On en vient souvent à souhaiter que les discussions de mages s’abrègent pour retrouver Geralt, Ciri et Yennefer. Subsistent également certains problèmes de casting, sans parler des elfes et des nains toujours un peu ridicules dans leur apparence. Au risque de faire hurler les fans, the Witcher reste plus captivant quand il se concentre sur ses thématiques famille/monstres/sexe/humour que lorsqu’il veut se la jouer Game of Thrones.

Heureusement, la série parvient à rendre attachants ses protagonistes principaux et quelques seconds rôles (Jaskier, Triss Merigold…) portés par des acteurs et des actrices rodés aux projets cinématographiques d’envergure, qui apportent toute leur expérience au projet. Assorti à une meilleure gestion des décors, des costumes (Geralt ne porte plus son horrible pantalon en cuir !) et des effets spéciaux, leurs prestations ajoutent à la crédibilisation d’un monde fantastique de plus en plus proche de la prouesse du jeu vidéo the Witcher III. Une ultime confirmation de la prise en compte des avis de la communauté, que Lauren Schmidt Hissrich se permet toutefois de tacler dans une réplique de Jaskier face à un malabar critiquant la chronologie confuse de ses chansons !

"Qu'est-ce qu'on fait là ?" "Je sais pas, mais souris."

Le Dernier Vœu dispo ici.

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Auteur pour plusieurs gammes de jeux de rôle (Wasteland, les Ombres d'Esteren) et Scénariste/Rédacteur pour Jeux de Rôle Magazine.

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