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Inutile, redondante, sans intérêt… L’adaptation live de la série animée imaginée par le cerveau fertile de Watanabe mérite-t-elle ce dédain affiché un peu partout ?

La bande de bras cassés (presque) au complet

Le temps qui court...

On peut certes, et c’est bien légitime, s’interroger sur le recyclage d’une œuvre qui se suffit à elle-même. Cela dit, les époques changent, les techniques d’animation aussi (on parle de 1998 !), et peut-être bien que cette production Netflix attirera un jeune public vers l’anime, et pourquoi pas vers Samouraï Champloo, l’autre chef-d’œuvre de Watanabe. Mais sinon, à quoi ça sert ? À rien, comme toutes ces choses sympathiques qui font passer un bon moment.

It's a crazy world

Mais trêve de préjugés, et abordons le premier des dix épisodes disponibles sur la plate-forme de Netflix en toute objectivité. Le générique, transposition au plan près de son modèle, résonne comme une note d’intention. Yoko Kanno, compositrice de la BO culte, reprend la baguette en apportant ainsi une sorte de caution artistique. Ensuite, cette entrée en matière de cinquante minutes (un peu plus longue que les autres épisodes) se la joue mariachi, avec une sombre histoire de couple en fuite dans un cadre mexicain. Les fans de l’anime savent toutefois que, dans Cowboy Bebop, les décors sont trompeurs, et que les environnements et les genres ne cessent de changer d’épisode en épisode. Une introduction immersive, très fidèle à l’originale, qui a le mérite de nous projeter dans un univers farfelu et tragi-comique, à la limite du pastiche, sans prendre le temps de nous y préparer, en jouant sur l’effet de surprise.

Cowboys à louer

Mais de quoi ça parle, au fait ? La série relate le quotidien sordide d’un groupe de chasseurs de primes losers, chacun dissimulant des petits secrets que nous sommes amenés à découvrir en cours de route. Rien de bien transcendant, entre femme et enfant perdus, passé criminel ou projet de vengeance mais, dans Cowboy Bebop, la forme l’emporte sur le fond. L’originalité tient surtout dans ce fameux mélange des genres car l’influence du space opéra et du film noir s’y font constamment ressentir, entre deux incursions dans le western sur fond d’ambiance jazzy. Watanabe aime expérimenter en mixant ses inspirations, et marcher sur ses plates-bandes revient à évoluer en terrain miné. Comme le laissait présager les trailers, la série touche pourtant juste en adoptant le même ton – et c’était loin d’être évident – que l’anime, jusque dans sa désinvolture et son humour décalé, ou bien ses ruptures d’ambiance.

Bien, mais peut mieux faire

Au final, la série ne s’en sort pas trop mal grâce à un production design énorme, des effets spéciaux réussis (les vaisseaux n’ont rien à envier à leurs cousins du ciné), mais aussi et surtout un casting plutôt sympathique. L’exposition se fait naturellement, sans pour autant dévoiler le background des personnages, et cette prouesse tient pour beaucoup à leur charisme et à une alchimie réussie entre nos « cowboys ». Hélas, le reste de la distribution n’est pas toujours du même niveau. Le côté caricatural, s’il est bien présent dans le matériau original, est peut-être parfois un peu trop appuyé. C’est un peu là où le bât blesse, quand un méchant censé être énigmatique et effrayant joue comme une savate et nous évoque un mauvais cosplay de The Witcher… Autre petite déception : l’action est finalement assez molle, malgré des cadrages et des mouvements de caméra audacieux, la faute à un montage pépère manquant un peu de brutalité.

Dans tous les cas, on ressent dans chaque plan un amour et un respect sincères pour l’anime, et rien que pour cela on ne peut qu’être amené à ressentir une certaine indulgence envers ce projet pour le moins inattendu.

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Auteur pour plusieurs gammes de jeux de rôle (Wasteland, les Ombres d'Esteren) et Scénariste/Rédacteur pour Jeux de Rôle Magazine.

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