Qui peut battre Thor ? La question agitait les lecteurs de comics, jusqu'à l'apparition de Beta Ray Bill. Avec son nom de chanteur country et sa tête de cheval, il n'avait rien pour plaire. Et pourtant, Bill est resté dans l'histoire des comics, au point d'obtenir aujourd'hui un oneshot à sa gloire.
La genèse de Bill
En 1983, un drôle d’énergumène faisait son apparition en couverture de The Mighty Thor. Curieusement affublé d’un costume identique à celui du dieu nordique, il brandissait un marteau sensiblement différent de Mjolnir. Beta Ray Bill, avec sa tronche de cheval, avait de quoi faire sourire, du moins jusqu’à sa victoire sur Thor lors d’un duel équitable ordonné par Odin. Nous apprenions à cette occasion que Bill est un alien, champion de son espèce génétiquement modifié pour sauver son monde d’origine. Assez brave pour sauver le dieu-tonnerre de la mort malgré son échec et pour soulever Mjolnir, il fut désigné comme une sorte de remplaçant de Thor par Odin, qui lui fit confectionner son propre marteau. Ce classique de Walter Simonson parut chez Semic dans la collection Privilège en 1993, sous le joli titre “la Ballade de Beta Ray Bill“.
Si j'avais un marteau...
Bill, bien que restant un personnage secondaire, est devenu par la suite très populaire. On le voit régulièrement venir prêter main forte à Thor, ou le remplacer lors de ses absences d’Asgard. On peut même apercevoir sa statue dans un plan du film Thor – Ragnarok. Ce bel album en grand format se propose de le mettre à l’honneur dans sa propre aventure. Le postulat fait référence à un background un peu compliqué, et à des épisodes inédits en vo, mais rassurez-vous : l’histoire est parfaitement indépendante. Pour faire simple, Bill a perdu son précieux marteau. Diminué, et incapable de retrouver son apparence humanoïde grâce à ses pouvoirs, il va partir en quête d’Odin pour acquérir une nouvelle arme.
Homme ou machine ?
L’approche du scénariste/illustrateur Daniel Warren Johnson, que l’on a surtout vu sur Batman (Death Metal), et auteur d’un mémorable Wonder Woman – Death Earth, est assez surprenante. On s’attendait à un comic-book bourrin, et il l’est assurément, grâce au trait sauvage et punchy de Johnson. Mais pas seulement. L’auteur s’attarde sur la psychologie de Bill, traumatisé par l’opération d’amélioration génétique subie dans son enfance, et prisonnier d’un corps monstrueux. Condamné à la solitude, le héros erre dans l’espace avec pour seul amie une intelligence artificielle léguée à vie lors de son opération. Spontanément, cette étrange relation homme/machine nous fait penser à Cobra et Armanoïde, dont l’auteur semble s’inspirer… Les quelques éléments fournis sur les origines de Bill dans la Ballade de Beta Ray Bill sont ainsi exploités et développés, à la manière de Thanos – l’Ascension, pour nous livrer une sorte de quête initiatique mêlée à une origin story. De l’Enfer de Dante à la Belle et la Bête, Étoile d’Argent foisonne d’influences, mais j’en ai déjà trop dit.
Fiche technique
Auteur : Daniel Warren Johnson
Editeur : Panini Comics
Dépôt légal : 13/10/2021
Album grand format
114 pages
Prix : 15,99€