Centralia la ville qui brule depuis plus de 50 ans
Le jeu Silent Hill a révolutionné le genre survival horror à la fin des années 1990 grâce à son approche psychologique de la peur et son univers extrêmement travaillé. Mais saviez-vous que l’histoire de cette ville fantôme fictive s’inspirait de faits réels ?
Alors que l’environnement du jeu semble ne pouvoir exister que dans les cauchemars, c’est en fait un endroit très réel avec une histoire dévastatrice. La ville de Silent Hill, en Virginie-Occidentale, est en fait Centralia, Pennsylvanie. Autrefois cité industrielle prospère, elle n’est plus répertoriée sur les cartes et ses accès routiers ont été condamnés.
En mai 1962, le Maire ordonna de brûler la décharge locale pour tenter de nettoyer les déchets. L’incendie s’est propagé à travers des tunnels et des ouvertures non scellés qui ont conduit à une mine de charbon abandonnée qui se consomme encore aujourd’hui.
Durant les 16 années suivantes, la ville a tenté d’éteindre le feu juste sous ses pieds. Mais malgré tous leurs efforts, à chaque fois un autre panache de fumée et de feu jaillissait toujours du sol dans une autre partie de la ville.
L’ampleur réelle du problème ne sera connue que jusqu’en 1979, lorsque les habitants ont commencé à enregistrer des températures de 82°C à la surface du sol. Puis, le jour de la Saint-Valentin 1981, un garçon de douze ans a failli être tué quand il est tombé dans un gouffre fumant créé par le feu de la mine.
Les curieux qui décident d’ignorer les panneaux d’avertissement découvrent un paysage désolé. D’épais nuages de fumée s’échappent des routes craquelées, et quelques bâtisses abandonnées témoignent d’un passé pas si lointain.
Durant près de 20 ans, les autorités dépensent des millions de dollars pour tenter de contenir l’incendie : les mines sont inondées, des tranchées sont creusées et la matière en combustion déterrée… en vain.
Quelques années plus tard, la ville est finalement effacée des cartes et ses accès routiers sont condamnés. Son code postal est supprimé en 2002.
Suite aux travaux de démolition entrepris depuis les années 1980, il ne reste aujourd’hui à Centralia qu’une église, quatre cimetières, quelques habitations et un local municipal abritant un camion de pompier.
L’histoire carbonisée de Centralia était précisément ce dont Roger Avary, scénariste primé aux Oscars, avait besoin pour l’adaptation au grand écran de Silent Hill également. Dans les années qui ont suivi la sortie du film, la ville est devenue une destination touristique populaire pour les fans.
Les parallèles entre Centralia et Silent Hill sont facilement visibles dans le film. Silent Hill est située dans la région charbonnière de la Virginie-Occidentale, tout comme Centralia a été fondée dans une région d’extraction de charbon en Pennsylvanie.
Dans le film, un épais nuage de brouillard et de cendre descend du ciel. Même si Centralia n’a pas de cendre qui tombe du ciel, il y a certainement beaucoup de brouillard, de gaz et de vapeur provenant du feu de la mine souterraine. La ville du film et du jeu ont également d’énormes fissures dans les routes. On les retrouve aussi à Centralia, surtout le long de la section abandonnée de la Route 61.
Enfin, dans le film, on découvre finalement que Silent Hill a été abandonnée 30 ans auparavant à cause d’un feu de charbon. C’est exactement ce qui a provoqué l’évacuation et la destruction de Centralia au cours des années 1980. Bien qu’il manque les démons et autres esprits maléfiques à Centralia, la ville comporte beaucoup d’autres éléments dérangeants qu’on retrouve dans le film.
En dépit des nombreux risques, une poignée d’irréductibles continue à vivre dans cette ville fantôme embrumée au sol crevassé. Leur espoir de voir les flammes cesser ne sera probablement jamais comblé de leur vivant : le feu continue de s’étendre et le sous-sol de la ville devrait brûler pendant encore plus de 200 ans.