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Un jeu vidéo français de gestion historique pour concurrencer Civilization

Avec ce titre ambitieux, les Français d’Amplitude vous mettent aux commandes d’un peuple, du Néolithique jusqu’à la conquête spatiale. En se lançant dans le jeu de gestion historique, ils tentent de détrôner le roi du genre : le célèbre Civilization. Voici notre chronique du jeu par Guy Roger DUVERT pour geek magazine .

Grand fan de Civilization (depuis le 2), l’idée de tester Humankind, présenté comme le renouveau du genre, réinventant un style pour l’instant monopolisé par la franchise Civilization, avait tout pour me plaire. À l’arrivée, mon impression est à la fois extrêmement enthousiaste et mitigée. Curieux, n’est-ce pas ? Mitigée, car vous ne trouverez pas la révolution attendue, une réinventation du système. Mais enthousiaste, car si on prend le jeu pour ce qu’il est, grosso modo, un Civilization 7, il y a tout pour plaire au gamer avide de 4X.

Les publicités vantaient une refonte complète du jeu à la Civ. Soyons clairs : ça n’est pas le cas. On retrouve la découpe de la carte en cases hexagonales, des villes qui fournissent de la nourriture, produisent des bâtiments ou des troupes, font de la recherche, et ont des bonus et malus de bonheur. On a le classique tableau des technologies sur lequel on progresse. À chaque découverte, on a la petite voix off qui commente. On a les merveilles. Je pourrais continuer comme ça longtemps. Honnêtement, on m’aurait proposé le jeu en me disant qu’il s’agissait de Civilization 7, je ne me serais pas posé la question un instant. Cela veut-il dire qu’il n’y pas d’innovations et d’idées originales ? Que nenni ! Il y en a plein !

Cela étant dit, c’est le cas à chaque Civilization passé. D’ailleurs, il y a très souvent des idées géniales, malheureusement abandonnées par la suite. Qui se souvient des espions dans Civilization 2 ? Ils étaient extrêmement fun à utiliser, capables de saboter des unités, des bâtiments, mais aussi voler des technologies ou même provoquer des révolutions ! Qui se souvient de Civilization Call to Power 2 ? (de mémoire un jeu de type Civilization fait par des anciens de Civ) Le système d’esclavage était jubilatoire à jouer. Vous pouviez décider de vous lancer soit dans l’esclavagisme (votre unité pouvait soit kidnapper des colons, soit se rajouter à une armée et avoir le même résultat dès que l’armée battait une autre armée), ce qui boostait à la fois votre croissance et votre production mais en prenant le risque d’en payer le coût plus tard, soit dans l’abolitionnisme, et dans ce cas vous pouviez provoquer des révolutions chez vos voisins esclavagistes, récupérant leurs cités au passage. Et ce ne sont que quelques exemples. Mais revenons à Humankind. Que trouve-t-on comme nouveautés ?
C’est un peu anecdotique, mais très amusant et rafraîchissant : alors que dans Civ on commence avec notre première Cité, ici on commence avec des tribus nomades, et il faudra qu’elles se développent avant d’être capables de fonder leur première ville. Dans les faits, on parle d’une dizaine de tours seulement, mais c’est un ajout que j’ai beaucoup aimé, très thématique.
Les nations : tandis que dans Civ, on jouait une nation donnée pendant toute la partie, avec certains bonus, et ça ne changeait pas, ici, on joue durant sept ères différentes, et à chaque fois, on a l’opportunité de changer, certains bonus se compilant avec les précédents. Déjà, c’est thématique (Après tout, la France a connu les Gaulois, les Romains, les Francs…Etc), mais en plus cela enrichit énormément les possibilités stratégiques. Un vrai plus.
La diplomatie ne révolutionne rien, mais elle est moins bancale que celle de Civ 6. Ainsi, la position de vos voisins évoluera dans le temps. Ça n’est pas parce que vous avez conquis une ville en 3.500 avant JC que toutes les nations vous détesteront au XIXème siècle (j’ai détesté cet aspect dans Civ 6). Je regrette l’impossibilité de négocier des technologies, mais l’ensemble fonctionne. La religion est présente, mais elle est là surtout d’un côté pour certains bonus, de l’autre pour jouer sur les affinités ou non entre nations. Je trouve que dans Civ 6, elle était plus intéressante.
Maintenant, un gros changement réside dans les conditions de victoire, que je trouve très intéressantes. Désormais, le but est simplement de marquer l’histoire comme une grande nation. Et cela passera par vos actions, qu’elles soient commerciales, militaires, artistiques, marchandes… On a ainsi de multiples façons de marquer ces points, et elles n’impliquent pas de ne suivre qu’un parcours. C’est également en vous distinguant dans ces conditions que vous pourrez accéder aux ères supérieures et changer de culture. On observe ainsi un décalage entre nations qui est là aussi très thématique.
Les combats sont plutôt sympathiques, et mettent je pense le doigt sur une amélioration future de ces jeux 4X : reprendre les éléments de jeux de combats en tour par tour (xcom et consort). C’est cependant ici encore très limité comparé à ces jeux. Par ailleurs, les bonus acquis par l’expérience sont basiques (là aussi, Civ 6 était légèrement supérieur sur ce point). Mais les combats se déroulent exactement sur le terrain ou ça se produit, ce qui crée un vrai plus qui donne cette impression très vaguement xcom (l’altitude des troupes et non juste le type de terrain, apportent bonus ou malus). En fait, les combats sont presque un mode à part. Lorsqu’on entre dans une bataille, on gère nos unités pendant trois rounds, sans avoir plus accès à l’extérieur. Là aussi, idée intéressante : un tour de jeu correspond à 3 rounds. Cela signifie que si votre combat (un siège, par exemple) dure longtemps, rien n’empêche l’arrivée de renforts de part et d’autres, qui entreront également dans le combat. Je pense qu’on peut pousser cette idée xcom plus loin pour de futurs jeux, mais c’est déjà ici très prometteur.
Avant de conclure, quelques points que je voulais évoquer rapidement : l’IA est celle classique des précédents jeux. C’est à dire pas formidable, les adversaires étant boostés artificiellement pour compenser des prises de décision pas toujours appropriées. C’est dommage, mais bon, rien de neuf sous le soleil de ce côté-là. Au niveau graphique, le jeu est sublime ! Vraiment, on sent une différence appréciable entre Civ 6 et Humankind sur ce point. Enfin, la musique est très sympathique, là aussi totalement en adéquation avec les précédents jeux.
Pour conclure : Humankind est un excellent nouveau Civilization, qui ravira tous les fans de la franchise. On y retrouve exactement les mêmes sensations de jeu, avec suffisamment de nouveautés pour rafraîchir l’expérience. Bref, il s’adresse aussi bien à ceux désireux de découvrir ce type de jeu qu’aux aficionados, pour lesquels cela n’aurait aucun sens de ne pas foncer sur ce jeu. Maintenant, il faut juste garder en tête que le jeu a probablement été survendu par sa publicité : il n’est pas le renouveau du jeu civilisationnel, mais il en est un nouvel épisode des plus réussis.

Si vous avez apprécié cette chronique, Retrouvez Guy-Roger DUVERT qui vous parle d’un tout autre jeu, “Cyberpunk 2047″ ICI

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