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Peu de jeux ont autant fait parler d’eux que Cyberpunk 2077 au moment de sa sortie. Coup de cœur pour les uns, gigantesque frustration due aux bugs pour d’autres.

J’évoquerai rapidement cet aspect des choses avant d’attaquer le jeu lui-même. J’ai joué au jeu dès le jour de sa sortie, avant tout patch hormis le premier, sur une PS4 non pro. Oui, le jeu était buggé. Il plantait une fois toutes les trois heures (puis plutôt une fois toutes les 8 heures après les patchs des premières semaines). Est-ce un problème qu’un jeu sorte buggé ? Oui. Mais Cyberpunk sort-il de la norme ? Non. Je suis en train de jouer en ce moment à Pathfinder, un très chouette turn based, qui m’envoit vers un écran bleu avec la même fréquence d’une fois toutes les trois heures, alors qu’il est sorti il y a un an !!! Quant aux bugs graphiques, a-t-on déjà oublié les soldats bloqués dans les murs des Assassin’s Creed, du héros tombant dans le vide après avoir traversé le sol dans GTA5 ou bien de notre cheval Roach dans les arbres ou sur le toit des maisons dans Witcher ? Bref, il est regrettable que le jeu soit sorti avant d’être plus fignolé, mais le jeu a subi un traitement très injuste si l’on compare à ce qu’il existe ailleurs. Pour fermer cette parenthèse, de nombreux patchs sont sortis depuis. Le jeu devrait être sans bug majeur pour la plupart des joueurs aujourd’hui. Il reste des bugs graphiques, mais rien qui n’entrave le plaisir de jeu.

Maintenant, passons au jeu lui-même : 

– La direction artistique : Il y a un aspect qu’on finit par comprendre au fur et à mesure, et très fortement sur la fin. La ville, Night City, est un personnage de l’histoire. Et on ne peut nier qu’elle a une vraie identité, avec des quartiers distincts. J’ai fini par m’attacher à certains lieux, et je sais déjà que j’aurai le sourire aux lèvres lorsque je déciderai de me refaire une partie et de me replonger ainsi dans cet univers. On notera que, contrairement à ce que certains auraient pu attendre, on est dans une vision futuriste assez différente d’un Blade Runner, par exemple, malgré quelques easter eggs (vous pouvez même vous balader sur le toit où Deckard affronte Roy, si ça vous chante). Certains le regretteront, d’autres apprécieront que les développeurs aient préféré créer un univers qui leur est propre. C’est là une question totalement subjective, donc je laisserai chacun juger. Mais à l’arrivée, la direction graphique reste pour moi très réussie. 

Je suis un peu plus mitigé concernant la musique : Quelques morceaux sont superbes, en particulier ceux joués au violoncelle par Tina Guo d’un côté, ou bien la musique qui se joue pendant la parade japonaise (selon moi le moment le plus beau visuellement du jeu). Mais en dehors de ces exemples précis, la musique fait son boulot, mais de façon très générique. On est très loin du score d’un Deus Ex Human Revolution ou Mankind Divided, ou chaque morceau est fabuleux et peut être écouté en parallèle. Pas de fausse note, donc, mais probablement une occasion manquée.

A noter que la musique sur les radios (voiture, postes radio) est extrêmement parasite selon moi. Que l’on aime ou pas les chansons, à l’arrivée, j’ai plus l’impression d’entendre du GTA 5 que du Cyberpunk. Je conseille donc d’aller dans les options du jeu, où il est possible de désactiver d’un côté les musiques de radio, et de l’autre de booster le score (dont le volume est assez faible, alors que celui des morceaux de radio est super fort). A la fois un choix artistique discutable et un mix surprenant. Mais heureusement, une rapide manip et c’est réglé. 

– Le gameplay : comme beaucoup, je n’étais pas enthousiaste en apprenant que le jeu serait un FPS et non un TPS à la Witcher, mais à l’arrivée, ça fonctionne très bien. Si on compare chaque partie du jeu, on pourra trouver mieux. Les fans de FPS (dont je ne fais pas partie) disent apparemment que ça n’a pas le niveau d’un Call of Duty, par exemple. Pour la partie Stealth, c’est très correct, mais dans le même style, un Deux Ex ou un Dishonored était plus agréable. Mais la force de Cyberpunk 2077 réside dans sa richesse de jeu. Il est à la fois un RPG, un FPS, un jeu Stealth…etc. Et l’ensemble fonctionne très bien. Surtout qu’il est possible de jouer très différemment au jeu. Un joueur pourra apprécier jouer les snipers de loin, un autre préféra jouer les tanks au corps-à-corps, un autre restera en stealth constamment…etc. La variété de jeu est augmentée par celle des armes, parfois très originales (entre l’arme qui tire à travers les murs ou bien celle dont les balles sont téléguidées ou bien ricochent contre les murs). Personnellement, ce que j’ai apprécié le plus est ce que je n’ai vu nulle part ailleurs, avec une composante hacking très poussée. On avait un peu de ça dans Watch Dogs, mais là, ça va beaucoup plus loin. Le plaisir qu’on a à brouiller les implants oculaires d’un soldat, après avoir désactivé les caméras de sécurité, pour ensuite faire exploser à distance les grenades d’un second ennemi, est réel. Un joueur qui passera du temps à bien booster son personnage aura accès à des possibilités jubilatoires. Il m’est arrivé de nettoyer intégralement un bâtiment sans y poser le pied ! De l’extérieur, je me connectai à une caméra de sécurité me permettant d’avoir accès au système interne. De là, switchant d’une caméra à l’autre, je provoquais des décharges électriques pour les uns, déréglais le système de régulation thermique d’autres, et éliminais les gardes les uns après les autres. Lorsque j’entrais enfin dans les lieux, le nettoyage avait été fait. Un indice est criant pour prouver que malgré ses faiblesses, le gameplay fonctionne. Lors de ma seconde partie, j’ai fini l’intégralité de toutes les quêtes secondaires, sans me lasser.

– La narration : si on est nombreux à rester marqués par The Witcher 3, ça n’est pas tant pour son gameplay, certes agréable, mais moins fluide qu’un Assassin’s Creed, par exemple. C’est pour son histoire. La trame était prenante, les personnages attachants. Les développeurs ont réussi à renouveler l’exploit. Ceux qui ont expérimenté les fins du jeu savent que le jeu ne laissent pas indemne. Je ne spoilerai rien, mais les scénaristes n’ont fait aucun compromis avec l’histoire. J’ai lu de nombreux articles vantant les quêtes secondaires. Cependant, personnellement, c’est surtout la trame principale qui m’a fasciné. On n’est pas dans un Skyrim, où l’histoire principale est anecdotique, et où tout l’intérêt réside dans les quêtes secondaires, fabuleuses. Il est cependant possible d’explorer plus loin certains aspects de l’histoire principale, et si c’est optionnel pour terminer le jeu, je le conseille. C’est souvent glauque, mais que c’est bon ! 

Il y a un détail que j’ai adoré, il existe une seconde intrigue en parallèle, mais tellement discrète que beaucoup de joueurs ne la remarqueront pas. Si vous acceptez de travailler pour un couple qui a peur d’être espionnés chez eux, il y a un moment où vous retrouverez le mari sur une place. Lorsque cela arrivera, je vous invite à regarder autour de vous. Un peu plus loin, sur une terrasse (inaccessible) au même niveau, se trouve un homme qui vous observe. Utilisez vos implants oculaires pour l’analyser. Vous n’aurez qu’une seule information : « homme aux yeux bleus ». Je n’en dis pas plus. Simplement, pendant le jeu, prêtez attention à chaque fois que vous entendrez parler de yeux bleus. Vous devriez être capable de commencer à former les pièces d’un puzzle totalement distinct de l’histoire première. 

– le cast : l’acting est excellent. Que vous jouiez en homme ou en femme, la voix est excellente. Quant à Keanu Reeves dans le rôle de Johnny Silverhands, c’est bien simple, alors que je l’adore dans plusieurs de ses films, il s’agit là je pense de son meilleur rôle ! Il donne au personnage toute l’ambiguïté nécessaire. La relation entre lui et V, le personnage que nous jouons, est fascinante. 

Pour résumer, il s’agit là d’une expérience ludique unique, d’un voyage qui marque le joueur et qui reste après. Je pense qu’il y a peu de jeux sur lesquels j’ai consacré autant de temps, et je sais déjà que j’y retournerai, surtout compte tenu des améliorations et DLCs prévus. 

Maintenant, y a-t-il des bémols ou regrets, au-delà des bugs initiaux ? Oui.

– Pas de customisation corporelle : c’est personnellement ce qui m’a le plus fait halluciner, surtout si on connaît le jeu de rôle qui a inspiré le jeu vidéo. On peut certes s’implanter toute une batterie de prothèses, mais rien de très visible. J’aurais voulu des armes en chrome, des yeux à la Batou (Ghost in the Shell) ou plein d’autres options de ce genre. Sur PC, de nombreux moddeurs ont créé ça. C’est bien que ça n’était pas sorcier à faire. Donc, une vraie déception de ce côté-là. Cela étant dit, il est très probable que ce soit un des points corrigés avec les DLCs à venir.

– Pas de possibilité d’acquérir de nouveaux appartements, et pas de possibilité de décorer celui qu’on a. Le jeu se prêtait tellement à ça que pour moi, il était évident que c’était possible. Je m’étais déjà mis comme objectif avant de jouer de finir dans une villa dans North Oaks. Mais ça n’est pas prévu du tout. On gardera toujours le même appart, quand bien même on finit riche comme Crésus. Sur ce point, je suis moins convaincu que ce sera modifié à l’avenir. On peut espérer, mais ça me paraît peu probable.

– Pas d’activités annexes. Le monde est tellement vivant qu’on a envie d’y traîner, d’y vivre. Mais hormis le boulot (remplir des missions pour des fixers, aider les flics sur des opérations) et l’intrigue principale, il n’y a pas grand-chose à faire, alors que les vidéos laissaient à penser que si. Oui, on fait de la plongée sous-marine dans une mission, oui, on peut faire un tour en montagnes russes, oui, on peut aller se payer les services de prostitués (deux dans toute la ville, un homme et une femme. On est loin d’un The Witcher avec ses bordels dans chaque grosse ville). Mais j’aurais aimé des salles de jeux de type casino, la possibilité de danser dans des boites de nuit (pourquoi pas avec un mini-jeu de chorégraphie), de prendre des verres avec des gens. Des jeux comme Red Dead Redemption 2 proposaient des choses de ce genre, très appréciables. Là aussi, voyons si ça apparaît par la suite. Bon, cela dit, pour nuancer cette critique, c’est une frustration que l’on peut avoir après une centaine d’heures, lorsque la ville commence doucement à se vider de ses multiples missions en tout genre. Avant, on ne s’en rend pas trop compte car on a plein de trucs à faire. Donc, rien de choquant, mais ce serait un plus sympathique.

– Au niveau narratif, la trame est à l’arrivée très personnelle. Certains y verront un plus. Mais personnellement, j’aurais aimé que V puisse impacter un peu plus l’équilibre politique de Night City. Permettre l’élection d’un tel ou d’un autre à la mairie (puisqu’on est déjà impliqué dans ces élections). Booster telle multinationale au dépend de telle autre. On n’arrête pas d’être impliqué directement ou de loin avec 5 multinationales. J’aurais aimé pouvoir avoir un impact, comme c’est le cas dans un Fallout, par exemple, lorsqu’à la fin on a la liste des conséquences de nos actions. Là, pendant le générique de fin, on a des vidéos de nos proches, ce qui est parfois très touchant et pourra vous tirer une larme, mais une influence plus macro en bonus ne m’aurait pas déplu. Bon, après, vu l’émotion provoquée à la fin, c’est là un bémol très secondaire, mais par honnêteté, je préférais le souligner. 

Voilà pour mes impressions. Pour résumer, on a donc ici un bijou. Une gemme certes pas parfaitement polie, mais une expérience de jeu marquante. J’ai adoré The Witcher 3, mais je pense que Cyberpunk 2077 m’a encore plus traumatisé. Surtout que la première fin que j’ai obtenue était la pire. Et quelque part, c’est probablement mieux, car ça m’a fait apprécier d’autant plus la meilleure (ou la moins mauvaise. Il ne faut pas oublier qu’on est dans une œuvre cyberpunk, pas une sitcom). Enfin, si je joue beaucoup, les jeux auxquels je rejoue sont en fait assez rares, dans des genres différents : Fallout 1 et 2, Discworld Noir, Deus Ex Mankind Divided, Skyrim, Dishonored 2, X-Com, Stellaris… et maintenant Cyberpunk 2077. Cela signifie donc que le jeu a atteint pour moi un statut à part qui fait qu’avant même les prochains DLCs, il s’agit là d’un coup de cœur absolu, et que donc je conseille fortement.

Bon jeu à tous ! 🙂 

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