Banner Content

La peur.

La peur s'insinue dans chaque case du manga Dragon Head et ce, du début jusqu'à la fin. Elle s'écoule tel un magma fumant et instille dans l'esprit de nos pauvres lycéens que sont Ako, Nobué et Téru, une vision cauchemardesque d'un monde qui n'est désormais plus le leur.

Suite à une catastrophe à l’ampleur inimaginable, le Japon n’est plus qu’un vaste Enfer dont le ciel noir charbonne chaque espace de lumière pénétrant son dôme, enfermant nos jeunes survivants.

S’en suit alors, après une fuite d’un tunnel où leur train était coincé, une longue et harassante escapade pour tenter de comprendre ce qui est arrivé au monde qu’il connaissait. Et il faut dire qu’à ce moment là, si l’horreur en huis-clos avec ses relents de surnaturel faisait complètement mouche sur moi, je n’étais pas prêt pour la suite de leur épopée sans fin et l’atmosphère poisseuse constante.

Le mangaka Mochizuki prend, tel Ottomo, un soin tout particulier (sans être orfèvre du détail) à développer des paysages de désolation tous plus cataclysmique les uns que les autres, où s’aligne avec une efficacité graphique complète les restes agonisants de ce qui était autrefois une civilisation moderne.

Et c’est sans compter sur l’effroyable succession de rencontres et d’évènements terribles auxquels le petit groupe se confronte, ne cessant de s’amonceler sur les épaules fragiles de cette jeunesse en perdition, et qui donne rapidement le ton global de l’œuvre qu’est de dépeindre une constante recherche d’espoir. Tel un artisan de la mort, flirtant entre le biblique et la catastrophe naturelle, Mochizuki profite des instants de rares calmes de ses protagonistes pour s’emparer du concept de peur même, et ainsi la décortiquer sous toutes ses coutures : qu’est-elle vraiment ? Quelle importance joue t’elle quand on se retrouve face à la sidération la plus totale ?

Sans chercher pour autant à entrer dans une analyse poussée et rigoureuse, avec notamment un dernier tome qui s’alourdit inutilement en réflexions philosophiques, Dragon Head réussit cependant haut la main son pari d’être une œuvre post-apocalyptique à part et de traiter d’un état de stupéfaction permanente face à l’horreur d’un monde en cendres.

Jamais gratuite, la perte d’espoir face à une humanité désemparée et revenue à l’état sauvage, en prise avec elle-même et la nature, donne du grain à moudre à ce manga pour offrir une réflexion visuelle sur l’essence même de la peur, qu’elle soit tapie dans les ombres d’un tunnel sombre et crasseux, ou dans le cœur des Hommes.

 

Le manga est trouvable juste ici dans sa nouvelle édition Deluxe !

Banner Content
Spécialité(s) :

Littérature SFFF, Jeux Vidéos, Cinéma, Mangas,Comics, Cinéma

Amateur de littérature fantastique du XXème siècle comme de mangas cyberpunk. Photographe par passion, lecteur de comics, cinéphile en herbe et grand buveur de café.

Commentaires

Geek Tribes