Dans le cadre de notre dossier Lovecraft aujourd'hui, paru dans le numéro de Geek Magazine S11E2, nous avons souhaité faire partager avec vous l'intégralité de nos échanges avec les créateurs de tous horizons que nous avons rencontré pour nos recherches. Cette fois-ci nous nous laissons guider à travers les terres du cauchemars par l'un de ses meilleurs arpenteurs, Alain T. Puysségur qui vient de rédiger le guide Cthulhu, survie en terre Lovecraftiennes chez Bragelone.
Comment s’y retrouver dans le foisonnement des mythes lovecraftiens, où Lovecraft lui-même aime jongler entre démesure et extravagance ! Il y a de quoi perdre (la raison !) du quidam ! Pour cela, Alain T. Puysségur nous offre une sorte de guide (de survie !) des terres lovecraftiennes, où, à travers les dires et les illustrations d’un spécialiste de l’occulte, des repères vous seront données pour vous plonger dans les récits de Lovecraft et éviter peut-être de sombrer dans la folie !
Quel a été votre premier souvenir avec l’univers de Lovecraft ?
Mon tout premier souvenir de cet univers passe avant tout par son auteur. Bien avant que je découvre les Grands Anciens et tout ce que Lovecraft avait construit et imaginé pour leur donner corps et sens, une seule chose résonnait en moi : « Le Maître de l’horreur ». Telle était l’idée embryonnaire que je m’en faisais, parce que je l’avais lu, entendu. Ce n’est que bien plus tard, au cours de ma lecture de La Cité sans nom, que l’univers s’est réellement offert à moi, constituant un souvenir autrement plus marquant et tangible.
Qu’est-ce qui vous a amené dans les pas de Lovecraft ?
J’ai gravité longtemps autour de Lovecraft et de son univers, sans jamais en pousser la porte. Il y a quelques années, alors que je terminais ma formation d’éditeur à la Sorbonne, j’ai effectué un stage au sein des éditons Bragelonne. De cette façon, j’ai été directement confronté à l’œuvre de Lovecraft, car la maison publiait une nouvelle traduction de ses textes. Ma curiosité a explosée : j’ai pris un premier recueil, je l’ai dévoré, et je ne me suis pas arrêté avant d’avoir tout lu. Une fois la porte de l’univers béante et une partie des ténèbres qui s’étendaient au-delà explorées, j’ai pu prendre du recul par rapport à l’œuvre et entrevoir tout ce qu’elle offrait d’interprétations, et donc de créations possibles. Le « Mythe de Cthulhu » est un univers extrêmement riche et vaste qui, déjà pour un lecteur, peut se transformer en obsession. Imaginez un peu pour un créateur…
Êtes-vous tombé tout de suite dans la marmite ou bien il a fallu du temps ? et quelle a été votre réaction à ce moment-là ?
À partir du moment où j’ai ouvert un recueil, cela s’est fait très rapidement.La Cité sans nom m’a happé. C’est là tout le talent de Lovecraft selon moi. D’une certaine façon, la nouvelle se suffit à elle-même. Elle déploie son intrigue, ses mystères, sa résolution. Mais il y a autre chose, qui attise la curiosité du lecteur avec plus d’efficacité qu’un tison : le métatexte. L’univers des Grands Anciens est construit de manière très cryptique. Les éléments qui permettent de comprendre le Mythe, son histoire et les règles qui le sous-tendent, sont disséminés à travers les textes. Charge au curieux de croiser les informations pour cerner l’incernable. Lorsque je m’en suis rendu compte, j’ai plongé. Il me fallait des réponses, il me fallait comprendre. J’étais assoiffé de vérités
Quel rapport à Lovecraft et son œuvre entretenez-vous ? (son style, les influences qu’il (Lovecraft) a pu avoir sur vous …)
En premier lieu, il y a une forme d’admiration pour l’univers. Lovecraft a développé un univers incroyable et riche grâce à une utilisation riche et incroyable de la langue. Il y a quelque chose de désuet dans ses textes, ne nous le cachons pas, qui peut clairement rebuter. Pourtant, si l’on prend le temps, si l’on se pose et que l’on s’imprègne du rythme, des mots, de la construction et de la poésie, alors la réaction première peut se transformer et l’on se retrouve séduit.
Au-delà de son utilisation de la langue, il est question de fascination, notamment par la manière – qui dans une certaine mesure est involontaire – dont il a construit les Grands Anciens et leur mythologie. J’adore les œuvres qui ne se livrent pas tout entière, qui demandent persévérance et implication. Cela forge une première étape dans le processus d’appropriation, qui permet de s’y plonger, pas forcément pour créer quelque chose à partir d’elles, mais pour qu’elles fassent sens, qu’elles résonnent en nous à mesure que nous les comblons de nos failles, de nos peurs, de nos espoirs et peut-être aussi de notre folie. D’une certaine manière – et au même titre que d’autres créateurs comme Hidetaka Miyazaki après lui – Lovecraft a établi dans mon esprit la meilleure manière qui soit de développer un univers, de le construire et de le livrer à un public : vaste, complexe, morcelé et incomplet.
Enfin, je fais également preuve d’une certaine distanciation à l’égard de Lovecraft, car malgré son talent, je garde en tête quelles ont été ses idées pendant la plus grande partie de sa vie, son racisme évident, et le fait qu’ils ont nourri certaines de ses créations. Impossible d’être insensible à cela.
Plus qu’un livre d’illustrations ou un récit inspiré par l’ambiance des textes de Lovecraft, vous avez opté pour une approche globale, en créant toute une narration à travers ses textes. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre approche originale que vous avez développée dans votre livre Cthulhu, guide de survie en terres lovecraftiennes ?
L’idée originelle était de proposer une nouvelle approche du Mythe pour ceux qui n’en connaissent rien ou très peu. Je souhaitais créer quelque chose d’étrange, c’est pourquoi Survie en terres lovecraftienne part du postulat que tout ce dont parle Lovecraft et ses successeurs est vrai. Les Grands Anciens, les Dieux Extérieurs, toutes les autres créatures, cultes et piliers de connaissances qui forgent se vaste univers existent. Tout est réel. À notre porte. Pour cela, j’ai choisi d’utiliser la voix de Ian Arzhel, un ancien investigateur de l’occulte au passé trouble. Grâce à lui, le lecteur découvre quelle menace pèse sur l’humanité, quelle est son origine, son histoire et les dangers qu’elle représente.
Afin de pousser cette idée au maximum, je souhaitais que le livre adopte une forme atypique. C’est pourquoi il intègre aujourd’hui un corps de texte central, qui est accompagné de nombreuses illustrations hallucinées et d’annotations. Elles viennent enrichir l’essence du propos principal et une ambiance graphique se déploie, tracée à la plume. À mesure que les pages se tournent, le lecteur est interpellé : certaines annotations l’intriguent plus que d’autres. Une nouvelle vérité prend forme, dissimulée entre les lignes d’une langue occulte venue d’âges lointains. Je souhaitais ce double niveau de lecture, ces éléments qui se répondent.
Votre intention était-il de toucher un public précis comme les fans du maitre de Providence, ou bien le néophyte des mythes cthulhiens? Si les deux, comment vous y êtes-vous pris pour passionner les uns sans noyer les autres ?
Il me semblait important que l’ouvrage puisse parler aux uns comme aux autres. Il est avant tout une porte d’entrée dans l’univers pour celles et ceux qui n’ont fait qu’entendre le mot « Cthulhu » et qui ont été intrigués par lui. Toutefois, il me semblait important que les fans inconditionnels ne se sentent pas lésés, c’est pourquoi j’ai voulu que la lecture de Survie leur soit agréable, que ce soit avec la part fictionnelle développée à travers Ian Arzhel, ou par de nombreux clins d’œil disséminés ici est là et dont seuls les férus sauront relever tout le sens et toutes les implications.
Ce parti pris narratif et graphique, où un journaliste fait un travail de reportage est assez jubilatoire dans les univers de Lovecraft où les descriptions sont abstraites ou assez … indescriptibles (!) et où le lecteur ne sait jamais si ce que les personnages sont en train de vivre est réel ou si ils sont en train de sombrer dans la folie ! Comment vous y êtes-vous pris pour mettre tout cela en forme et … en images ?
C’est un processus long, d’imprégnation. La première étape a été de me replonger dans les œuvres de Lovecraft (encore !). Il était nécessaire que je baigne dedans, qu’elles m’entourent et m’englobent. Cela m’a permis de digéré les informations, les sensations, les émotions. Qui n’a pas envie de devenir un investigateur de l’occulte ? Bon ok, il y a sûrement des personnes que cela n’intéressent pas, mais moi, ça me tentait bien. Ainsi conditionné, le ton est venu de lui-même, Ian Arzhel a pris forme, les illustrations également.
Quelle vision de l’œuvre avez-vous eu plus précisément envie d’exprimer à travers ce guide de survies ?
Une vision réaliste. À force de parler d’occulte et de divinités, il est aisé de perdre de vue la vérité première : les Grands Anciens sont des extra-terrestres. Il me semblait important de rappeler qu’au-delà des croyances, Lovecraft nous confronte à notre propre insignifiance. L’indifférence cosmique nous domine : nous ne sommes rien, ou presque rien.
Mais au fait, pourquoi un guide de survie ? C’est parce que l’on risque vraiment sa vie (santé mentale) à errer dans les textes de Lovecraft ?
Cela m’a semblé l’une des meilleures formes pour une approche réaliste qui permettrait de découvrir le Mythe de zéro. Puisque tout est réel, alors oui, vous risquez réellement votre vie, tant votre santé physique que mentale. Cet ouvrage est là pour vous aider, pour vous préparer un minimum afin que, lorsque viendra votre confrontation à une émanation du Mythe – c’est ainsi que j’ai choisi de nommer les manifestations des créatures ou phénomènes inexplicables – vous ne perdiez pas la raison et ne cherchiez pas à vous supprimer.
Les Editions Bragelonne, votre éditeur, a créé toute un label autour de Lovecraft, déclinant des nouvelles éditions et traductions des récits, des livres illustrés et des essais. Pensez-vous qu’il y ait un renouveau, un regain d’intérêt depuis les années 2000-2010 autour de Lovecraft ? Si oui, qu’est ce qui pourrait l’expliquer ?
C’est évident : l’intérêt pour Lovecraft et son œuvre explose depuis plusieurs années. Je ne sais pas si nous devons parler d’un regain d’intérêt, car j’ai la sensation que les textes de cet auteur ont depuis longtemps fasciné des adolescentes et adolescents de diverses générations. J’ai plus l’impression que cette fascination s’est étendue. Pourquoi ? La réponse et sûrement multiple et très complexe, et je ne saurais la cerner complètement. Le développement du jeu de rôle L’Appel de Cthulhu y est sûrement pour quelque chose, tout comme la progression et l’implémentation dans notre quotidien d’Internet. Lovecraft et son univers sont devenus des éléments à part entière de la « pop culture ». À travers des séries, des jeux, des films et tout un tas d’autres supports, de nouvelles personnes ont entendu parler de « Cthulhu » et du « Maître de l’horreur ».
Comment aborde-t-on Lovecraft en 2020?
À mesure que les années passent, Lovecraft et son univers se popularisent. C’est une très bonne chose, mais cela conduit à se poser ce genre de question, car on peut avoir l’impression que tout a été fait ou presque. Mon premier réflexe est de conseiller de se plonger dans l’œuvre, les phrases, les mots, et bien souvent, la tâche paraît trop ardue à mes interlocuteurs, ou du moins lisent-ils une nouvelle, puis se détourne, l’écriture si particulière les ayant « douché ». Comment aborder Lovecraft en 2020 ? De la façon qui convient à chacun. Certains apprécieront le découvrir à travers le jeu de rôle, d’autres à travers le cinéma, ils se peut même que certains se penchent sur des textes lovecraftiens sans qu’ils aient été écrits par Lovecraft. Pour le curieux, le lecteur, le joueur ou le spectateur, les portes permettant de pénétrer dans l’univers des Grands Anciens n’ont jamais été aussi nombreuses
Pour les créatifs à présent, c’est une autre affaire. De plus en plus d’œuvres voient le jour chaque année, certaines parviennent à apporter un vent de fraîcheur, d’autres sombrent dans l’oubli. Peut-être que je me trompe, mais j’imagine que l’un des meilleurs moyens d’aborder Lovecraft et son œuvre en tant que créatif et d’essayer d’apporter quelque chose en plus, qu’il s’agisse de simples interprétations ou de créations pures.
Les textes de Lovecraft ont inspirés des œuvres très variés comme le jeu de rôle l’Appel de Cthulhu, le film Evil dead, le jeu vidéo Alone in the Dark (la liste n’est pas du tout exhaustive !!!), en quoi le fond littéraire est-il autant malléable ou adaptable sur des supports et des médiums si différents ?
Etant donné les interprétations possibles, les zones de flou, les blancs évidents, je vois l’univers créé par Lovecraft comme un appel à l’inspiration. D’ailleurs, cela ne concerne pas que les créatifs : n’importe quel curieux, qui à la lecture d’une nouvelle n’obtient pas toutes les réponses, va se les imaginer lui-même et créer, sans même s’en rendre compte. C’est ainsi que l’on se retrouve à imaginer le pire, l’horreur, la monstruosité d’une créature qui ne nous est pas ou peu décrite. Lorsqu’on a vécu cette expérience intensément, il y a comme un élan qui, au-delà d’un besoin irrépressible d’appropriation de ce qui nous a touché, nous donne l’envie de reproduire, pour nous et pour d’autres. La malléabilité dont vous parler est un vecteur d’inspiration. Et puis, au-delà de leur horreur, les textes de Lovecraft, en nous interpellant, en questionnant le sens de notre existence dans le grand tout cosmique, nous pousse d’une certaine façon à vouloir y apporter une réponse. Et la création d’une œuvre est une forme de réponse.
Quels sont pour vous les œuvres les plus grandes ou les plus marquantes qui ont été adaptées à partir des écrits de Lovecraft ?
La première chose qui me vient à l’esprit, ce sont les adaptations en manga réalisées par Gou Tanabe. Le travail de cet artiste est tout simplement remarquable, la précision de son trait incisif, son regard sur l’œuvre génial. Je parlais plus tôt de porte d’entrée : j’estime que c’en est une excellente. J’ai ensuite une admiration toute particulière pour le travail de Loïc Muzy qui, pour le jeu de rôle L’Appel de Cthulhu, a réalisé un travail d’illustration phénoménal. Impossible également de passer à côté du travail de François Barranger ou d’Armel Gaulme, dont les réalisations graphiques offrent elles aussi une autre vision des œuvres lovecraftiennes. Pour ce qui est des œuvres cinématographiques, j’attends toujours une adaptation digne de son nom, bien que Colour out of space de Richard Stanley ait réussi à me surprendre. Je préfère me concentrer sur les réalisations les plus récentes, car la liste deviendrait interminable.
Après, au-delà de véritables adaptations, il me faut avouer que certaines œuvres m’ont marqué parce qu’elles ont provoqué une résonnance à l’intérieur de moi à ce que je définis comme « Lovecraftien ». Ainsi, les créations d’Hidetaka Miyazaki, la série des Dark Souls et Bloodborne, sont celles qui représentent le mieux l’idée que je me fais d’un univers « lovecraftien ». C’est aussi le cas de films comme Prometheus, The Thing, d’œuvres littéraires comme The Mist de Stephen King ou encore Annihilation de Jeff VanderMeer (le film n’était d’ailleurs pas si mal).
Mais au fond, qu’est ce qui fait que 80 ans après sa mort, Lovecraft est-il toujours aussi présent et inspire toujours autant que l’on soit lecteurs, spectateurs ou créateurs ?
Le mystère séculaire, la peur intrinsèque, la confrontation à l’incompréhensible, à l’indéfinissable, à l’inconnu. Parce qu’il n’existe pas une seule vérité – et espérons que ce ne soit jamais le cas – l’univers de Lovecraft ne cessera jamais d’intriguer. Il générera toujours cette fascination qui vous pousse à chercher, à fouiller, à recouper les informations. À la découverte du Mythe, nous devenons tous enquêteur, nous nous spécialisons à notre rythme, sur des sujets qui nous intéressent. Chacun se forge sa vision de l’univers, sa vérité, sa logique. C’est le genre de choses qui rendent éternel. Vous et moi ne voyons peut-être pas la même chose dans le Mythe, peut-être même aurions-nous des points de désaccord, mais ce que nous voyons nous parle, à notre époque, avec nos sensibilités. Personnellement, au-delà du divertissement que procure cet univers, j’y vois l’opportunité de se remettre en cause, d’évacuer l’égo pour s’interroger sur notre sens, peut-être même notre non-sens. Détacher son regard de notre nombril pour le tourner vers les étoiles, c’est concevoir à quel point, dans le temps et l’espace, nous sommes si peu.
Les écrits de Lovecraft sont au cœur de la littérature fantastique, nourris de peurs, d’incompréhensions, de malaises, de créatures incommensurables et de cauchemars amenant au bord de la folie. La popularité de cet auteur répondrait-elle plus inconsciemment avec l’état de paranoïa que notre société traverse en ce moment ? Une ère où nous sommes de plus en plus confrontés à une réalité froide qui dépasse nos imaginaire, voire cataclysmique, même à l’échelle du déclin de la planète ?
Difficile à dire. D’une certaine manière, je conçois qu’un parallèle puisse être établi entre les écrits de Lovecraft, ce qu’ils soulèvent selon moi – à savoir notre insignifiance – et la marche de notre monde actuel, avec ce que cela comporte de cataclysme, quels qu’ils soient. Comme je le disais, je suis convaincu que chacun trouve ses propres échos dans le Mythe. À mon niveau, j’ai une vision beaucoup plus naïve de la chose, et peut-être un peu fausse, où le divertissement procuré par le Mythe est avant tout un exutoire, un moyen justement de ne pas se confronter à cette réalité froide dont vous parlez, pour en découvrir une autre qui, malgré les apparences, est beaucoup moins violentes, plus rassurante. Là où nous n’avons pas le sens et l’importance que nous nous imaginons, les responsabilités s’effacent…
Et pour finir sur une note positive, y a-t-il un salut à trouver au cœur des textes de Lovecraft ?
Un voyage vers l’inconnu, terrible, mais un voyage tout de même. Pour le lecteur attentif, bien au-delà du divertissement, ces textes pourraient lui permettre d’explorer ses propres failles. Il lui suffira d’observer ce qu’il a mis de lui-même, créant malgré lui, au cœur des ténèbres offertes.
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Cthulhu - Survie en terres lovecraftiennes - 19,90 euros
Editions Bragelone
Illustrateurs : Alain T. Puysségur, Tatiana Plakhova
Nombre de pages : 440
ISBN : 979-10-281-0746-8