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GEEK MAGAZINE S'EST RENDU AU SALON MAGIC ORGANISÉ PAR SHIBUYA PRODUCTIONS ET SON PRÈSIDENT CÉDRIC BISCAY À QUI L’ON DOIT NOTAMMENT LE RETOUR PROCHAIN DE SHENMUE 3 ET QUI NOUS ACCORDE ICI UN ENTRETIEN

Chaque année et cela pendant une journée depuis maintenant 5 ans Monaco devient le rendez-vous incontournable pour tout adorateur de popculture qui se respecte.

Une journée unique avec des invités qui le sont tout autant ; et, sans doute, le seul endroit au monde où vous pouvez assister à un concours de Cosplay où le jury est composé des membres du groupe IAM, ou bien encore à une conférence où Leji Mastsumoto, papa de l’intemporel Albator, échange avec un astronaute.

Une journée où vous pouvez assister à des live drawing session des artistes, notamment du maître Matsumoto accompagné d’un orchestre classique. Tout cela en croisant Blade (Wesley Snipes) et Higlander (Christophe Lambert). Cet endroit est bien réel et porte bien son nom, celui de MAGIC (Monaco Anime Game International Conferences)

Comment l’aventure MAGIC a-t-elle commencé ?

Cedric Biscay : Le MAGIC, cela devait juste être un dîner de gala pour fêter l’ouverture de Shibuya à Monaco… Nous avons envoyé des invitations à certaines personnalités que l’on connaît de notre réseau, et tout le monde a dit oui, à notre grande surprise ! Ainsi, cela faisait un très, très gros dîner de gala… Je me suis dit “C’est assez bête de pas en faire profiter le public”.. Du coup on a créé l’event en moins de 5 mois à deux, dont deux mois où j’étais tout seul.

Yuji Naka (Sonic), Yoshitaka Amano (Final Fantasty), Yōichi Takahashi (Olive et tom).. Il y avait du très beau monde !

A la vue des noms présents chaque année, cela peut encore surprendre qu’un événement de ce calibre soit gratuit. Est-ce la volonté de Shibuya Productions, le « Pour des passionnées par des passionnés » ?

Je veux que le MAGIC soit accessible. Je sais surtout ce que je ne veux pas. Je ne veux pas d’une foire et je ne veux pas d’un événement où le visiteur vient avec l’idée de rencontrer un invité et qu’il ne le croise jamais pendant l’événement. Ou bien qu’il se retrouve à faire la queue pendant des heures pour le rencontrer pour une dédicace.

Le concept du MAGIC c’est simple : on limite à 3000 personnes pour que les gens puissent kiffer l’événement et si on s’y prend suffisamment tôt, on peut avoir sa place sans aucun problème.

Je veux que ce soit une expérience de fan et on ne veut pas en faire un business. C’est pour cela que nous avons des partenaires qui nous permettent de rendre l’événement gratuit. Pour moi le MAGIC c’est une opération de communication, nous gagnons en visibilité grâce à lui.

Je trouve que nous sommes dans un bon business model : pas besoin de faire payer l’entrée, les photos ou les dédicaces !

Arriverais-tu à nous citer tous les noms des invités de ces cinq dernières années ?

Je pense que je peux le faire mais ça risque d’être long !
Yōichi Takahashi (Olive et Tom), Yuji Naka (Sonic), Yoshitaka Amano (Final Fantasy), Franck Pitiot (Perceval), Dolph Lundgren, Mark Millar (Kick Ass), Buichi Terasawa (Cobra), Mike Mignola (Hellboy), Orelsan, Mai Lan, Kavinsky, Philippe Buchet (Sillage), John Romita JR, Didier et Lyse Tarquin, Tetsuya Nomura, Yu Suzuki évidemment ! C’est vrai que ça commence à faire du lourd !

On ne voit jamais ces noms dans d’autres manifestations, c’est aussi ça le caractère unique du MAGIC, du coup, quel est votre secret ?

En toute humilité, c’est la confiance que les auteurs japonais mettent en Shibuya Productions. S’il n’y avait pas cette relation, ils ne seraient pas intéressés.

Il y a surement des anecdotes qui t’ont marqué, surtout avec des personnalités comme Buichi Terasawa (qui a une personnalité bien rock ‘n’ roll) ou encore Yu Suzuki ?

Beaucoup de gens pensent que Buichi Terasawa est venu au MAGIC pour présenter le trailer du nouveau Cobra, mais en fait pas du tout… Il avait déjà dit oui avant et le fait qu’on travaille ensemble s’est fait après, du coup il serait venu qu’il y ait Cobra ou pas !

Pour Yu Suzuki je me souviens d’une tournée des vins en Napa Valley lors de la GDC (Game Developers Conference) il y a quelques années ….. Qu’est-ce qu’on s’est gavés (rire). Le chauffeur nous amenait dans les différentes « wineries » (heureusement) et dans la bonne humeur ! C’était génial et un très, très bon souvenir avec un ami, et pas en mode business.

Disney s’était positionné pour Astro Boy et on a pris le truc à Disney !

Shibuya Productions est une jeune entreprise mais qui a su arriver avec des sacrés noms sous le bras : la nouvelle série Cobra en production, Shenmue 3, et Astro Boy qu’on pourrait qualifier du « Tintin Asiatique » en termes d’image de licence. Cela a dû faire d’ailleurs pas mal d’émules dans le milieu, de voir une si jeune compagnie réussir là où des gros noms se sont cassé les dents ?

Astro Boy normalement personne n’y touche c’est impossible !  Nous travaillons depuis des années avec Tezuka Production qui gère les droits d’Osamu Tezuka. Lorsque j’ai demandé, même avant de créer l’entreprise : « Voilà, je vais créer une entreprise de production d’animation de jeux vidéo et on aimerait faire un nouvel astro boy » ; à ma grande surprise ils m’ont dit « Et bien écoute Cédric, si c’est toi qui demande c’est oui. » Je n’ai rien montré d’autre, c’est simple : pas de design, pas de scénario. C’est venu après, évidemment, accord de principe direct.

On a une très bonne relation, une relation de confiance, ils sont devenus des amis. Mais à l’époque, nous avions juste une relation professionnelle soutenue. C’est-à-dire qu’on se connaissait depuis longtemps, mais on ne se voyait pas forcément en dehors du travail.

Cette confiance m’a fait réellement fait plaisir. En plus, Disney s’était positionné pour Astro Boy .. et c’est nous qui l’avons récupéré !

C’est ce qui me plait énormément au Japon et dans la culture Japonaise, la voix du Samouraï ! Il y a pas de miracles, je sais ce qu’ils aiment chez Shibuya et chez moi : c’est que je fais, ce que je dis et c’est ce qui compte là-bas ; le reste importe moins, mais  il ne faut pas se louper ! Je peux avoir du Cobra, du Astro Boy, mais si je déconne je peux partir du Japon (rire).

Une date de diffusion pour Astro Boy ?

Je n’ai pas de date mais on a signé avec une très grosse major Américaine. Cependant, je pense que d’ici Avril ou Mai, nous pourrons en dire plus et annoncer son nom.

Netflix ?

(rire) Non !

Shenmue 3 sortira sur PS4 et PC le 26 août prochain. Véritable arlésienne du jeu vidéo, cette saga, commencée il y a maintenant 20 ans sur la regrettée Dreamcast de Sega, a posé les bases de l’Open World maintenant largement répandu et normalisé dans la plupart des productions actuelles.

Projet démesurément ambitieux pour son temps et véritable simulation de vie, la saga Shenmue n’avait aucune comparaison possible dans le paysage vidéo ludique si on se replace dans le contexte de l’époque.

En 2001, Sega quitte la guerre des consoles suite à l’échec commercial de sa dernière console de salon, privant de ce fait toute une génération de fans de voir se conclure l’œuvre de Yu Suzuki ainsi que la quête de vengeance de son protagoniste Ryo Hazuki.

Au fil du temps, Shenmue est entré au panthéon du jeu vidéo. Rumeurs incessantes sur sa suite, projet avorté (Shenmue online) etc. Mais ce n’est que lors de l’E3 2015, durant  la conférence de Sony, que ce nom mythique va apparaître à l’écran, devant un parterre de journaliste en ébullition.
Oui, Shenmue 3 est bien de retour et c’est à Shibuya productions que l’on doit cela.

Shenmue 3 ne sera pas la fin de la saga, Yu Suzuki m’a montré tout le scénario, je sais que ce troisième opus ne peut pas être la fin !

Pourquoi Shenmue et pas une autre licence ?

J’ai beaucoup d’affection pour Shenmue pour une simple et bonne raison, c’est que je ne parle pas japonais, même maintenant ! A l’époque je séchais les cours pour jouer au jeu en import, car ils sortaient très en avance et je peux dire que lorsque tu dois parler à autant de personnages pour faire avancer l’intrigue sans comprendre, cela peut vite être long ! La réalisation et la scénographie m’ont permis de transcender cette barrière de la langue.

Faire ce genre d’annonce à l’E3, cela doit marquer plus d’un passionné ?

Ce qui m’a le plus pris au cœur, c’est de voir le logo de l’entreprise. Je ne suis pas un mec qui a envie d’être sur scène mais je suis obligé car je représente l’entreprise. Quand tu es à Los Angeles sur scène et que le public commence à comprendre, tu vois tout le monde pleurer, et il n’y a que deux logo : Shibuya Productions et YS Net. C’est là que tout démarre, c’est là que Shibuya Productions a commencé à exister sur le marché du jeu vidéo.

Sans cette annonce, pas de Shibuya Productions comme on la connait actuellement?

Dans les jeux vidéos, non. Dans l’animation, les mangas, on aurait ce qu’on fait aujourd’hui mais pas dans le jeu vidéo. C’est un marché énorme et j’ai toujours eu confiance avec le fait d’arriver sur le marché avec un projet comme Shenmue : tu es tout de suite référencé et peu de licences ont cette aura avec une communauté aussi importante et fidèle.

Les joueurs attendent de voir la suite des aventures de Ryo Azuki, mais est-ce la fin de la saga ?

Honnêtement je ne vais pas trahir un grand secret, mais Shenmue 3 ne sera pas la fin de la saga. Yu Suzuki m’a montré tout le scénario et je sais que ce troisième opus ne peut pas être la fin !  Cependant, nous avons pris un risque énorme en sortant ce titre, car en termes d’image et de communication c’est génial, mais il faut également arriver à vendre le titre.

De nos jours, la campagne marketing détermine le succès d’un jeu plus que les qualités du jeu lui-même. Est-ce un choix de communication de distiller les informations au compte-goutte autour de Shenmue 3 ?

Malheureusement ! Je suis d’accord … Je ne sais pas si c’est une volonté, je n’ai jamais trouvé de manière totalement objective qu’on ait été bon pour la communication sur Shenmue. Mais il y a une raison à ça…  Nous étions focalisés sur le fait de faire le jeu. Or, derrière Shenmue 3, il y a Yu suzuki, YS Net Shibuya Productions. Ce sont des boites qui sont effectivement modestes de par leurs tailles.  Nous ne sommes pas des boites avec des milliers de personnes et des pôles marketing qui te disent ce qu’il faut dire ou ne pas dire.

Je pense que c’est la communauté Shenmue qui sauve la communication. Ils surveillent tout ce qui se fait sur le jeu, relaient énormément et nous soutiennent auprès de la presse. J’en suis hyper fier ! Je parle de la communauté car j’en parle en tant que producteur mais je m’inclus dedans également.

Shenmue 3 doit plaire aux fans de Shenmue, pas les trahir, et plaire également aux nouveaux joueurs. C’est un pari qui n’est pas risqué car nous avons un génie aux manettes, qui est Yu Suzuki ; nous avons une certaine chance avec la sortie de Shenmue 1 et 2 en HD. Nous savions que cela se discutait mais rien n’était clair, nous n’avions aucune idée de la date.

Sega n’a donc plus aucune affiliation ou droit de regard sur Shenmue 3 ?

Sega c’est simple, c’est l’ayant droit, copyright Sega, mais n’interfère pas dans le développement

Aucune chance alors de trouver des jeux Sega dans les salles d’arcade de Shenmue 3 ?

Non, mais il y aura d’autres jeux !

En tant que producteur tu as ton mot à dire sur le développement ?

Oui, ce qui est cool, c’est que Yu Suzuki me demande des choses car il sait que j’aime Shenmue. Je ne suis pas un technicien, je vais parler de mon ressenti et de ce qui est attendu par les gens qui aiment Shenmue, donc quand nous faisons des séances de test, c’est comme si il parlait à un fan, mais un fan avec une réalité business, qui sait faire la part des choses. Il sait qu’il peut compter sur moi.

Shibuya Productions s’est lancé dans le jeu vidéo, l’animation, et maintenant l’édition sous le label Shibuya Michel Lafon dont les premières œuvres sont sorties le 14 mars dernier : « La voie de Van Gogh » du tout jeune auteur Seldon et « NaKo » du rappeur Tiers-Monde, deux œuvres aux destins particuliers rendus possibles par un événement lié au MAGIC et dont seul Shibuya Productions a le secret ; en effet, c’est en 2017 qu’est lancé le premier « Magic International Manga Contest » en collaboration avec la SHUEISHA.

Le concours est ouvert à tous, et après une pré-sélection qui détermine les 10 meilleures œuvres, le jury accueille les candidats retenus au MAGIC pour la finale. Le jury était composé pour cette cinquième édition de Shuhei Hosono (Rédacteur en chef adjoint du magazine Shûkan Shônen Jump), Naoki Kawashima (rédacteur en chef adjoint du Weekly Shônen Jump) et Kazuki Takahashi, Mangaka et auteur de YU-GI-OH!

Outre le fait d’être adoubé par les grands du milieu, les gagnants sont publiés directement au Japon dans le Shonen Jump Plus, et gagnent un séjour en terre Nippone pour rencontrer de nombreux éditeurs, du jamais vu sur la planète manga !

Il n’y avait qu’un pas pour passer du concours manga du MAGIC à ce partenariat avec les éditions Michel Lafon ?

Les deux premiers mangas qui sortent sont des coups de cœur issus du concours du MAGIC, mais à cette époque-là nous ne savions pas que nous allions faire un label !
Tout s’est enclenché de manière idéale comme si c’était vertueux. J’imagine les gens dire que nous avions tout pensé de A à Z… Alors, oui, nous avions pensé à certaines choses. Le MAGIC a toujours été pensé comme un catalyseur. C’était l’opération de Shibuya Productions où l’on montrait nos créations, où on essayait de travailler avec les auteurs invités. Mais c’est vrai que quand tu as un plan, même dans la vie privée, tu as un plan. Et tu as ce qui se passe quand même, la réalité. Et bien normalement, ce n’est pas tout à fait pareil, sauf si tu as beaucoup de chance (rire). Eh bien, nous, parfois, le plan est même supérieur au plan initial donc tant mieux !

Ce que nous souhaitons, c’est de créer des propriétés intellectuelles. Dit comme ça, je trouve que c’est un gros mot, mais ce qui nous intéressait c’était de créer des éléments que nous pourrions implanter dans différents univers.
Jusque-là, nous avions Shenmue 3 mais c’est une propriété intellectuelle qui existe déjà. Nous avons créé Astroboy Reboot, c’est une nouvelle propriété intellectuelle mais issue d’une ancienne. Idem pour Cobra. Et maintenant, avec les mangas, ce ne sont que des nouvelles créations. Enfin, des mangas issus de franchises connues vont également sortir, mais mon but là-dedans, c’est que si le public est réceptif, ce qui sort en mangas peut sortir en animé, en jeux vidéo. C’est un vrai test grandeur nature, c’est du trans média, et cela a un sens par rapport à tout ce que nous faisons !

Vous l’aurez compris en lisant ces lignes, Shibuya Productions n’entend pas se poser de limites pour ses futurs projets, et compte apparaître là où on ne les attend pas. Lors du Shibuya Crazy Time, temps fort de l’événement MAGIC où sont dévoilés les avancement et annonces des futurs projets de l’entreprise, nous avons pu apprendre que Didier et Lyse Tarquin ( Lanfeust, Dolores) adapteront une nouvelle mouture d’Albator sous la supervision du Maitre Leji Matsumoto.

Didier Tarquin qui nous confiait quelques heures avant la conférence que son fantasme était de pouvoir dessiner Albator, on aura su apprécier ce teasing !

Nous avons également appris que d’autres titres du  “Leiji Matsumoto Universe”, seront aussi adaptés chez les éditions Shibuya Michel Lafon. Concernant Astro Boy, un manga baptisé Astro Boy Année Zéro, qui a l’air plus sombre et plus adulte, est également prévu avec le trio Jean David Morvan, Gerald Parel et Martinez aux commandes.

Sans oublier l’annonce que toute la planète JV attendait, le premier trailer Ingame de Shenmue, mais là encore le mieux c’est de regarder !

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Spécialité(s) :

Cinéma - Japanimation - jeux vidéo

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