Les amis, je vais vous dire une chose : en ce moment, au cinéma, les super-héros ont le vent en poupe.
Tous ensemble : “merci Captain Obvious !”
De rien les amis ! C’est cadeau, c’est pour moi ! Mais en fait, je ne vous dis pas ça que pour faire mon intéressant. Non. Ce constat m’a surtout donné envie de vous parler d’autres films de super-héros, ceux qui ne viennent pas de chez Marvel ou DC, ceux qui ne cassent pas le box-office, ceux dont on ne parle pas, mais qui sont très sympas au demeurant.
Donc je vous présente ci-dessous cinq films de super-héros pas trop connus, pas trop bankables non plus (les deux vont souvent de paire d’ailleurs), mais qui valent le coup d’être vu (c’est en tout cas mon humble opinion)
Vous êtes prêts ?
C’est parti !
– LES AVENTURES DE ROCKETEER –
On commence notre voyage par les États-Unis avec Les Aventures de Rocketeer (qui s’appelle juste The Rocketeer dans la langue de Splinter, mais avec le titre français, on comprend qu’il va y avoir de l’aventure, donc c’est probablement mieux), adaptation du comics éponyme par le vétéran Joe Johnston (Chérie, j’ai rétréci les gosses, Jumanji, Captain America).
Les Aventures de Rocketeer a cela d’assez surprenant qu’il ne se passe pas à notre époque, et des films de super-héros qui ne sont pas contemporains, ça existe, mais il n’y en a pas des masses. Cela lui confère une qualité intéressante : c’est à la fois un film de super-héros, mais aussi une belle aventure pulp.
Dans les années 30, Cliff, un cascadeur, découvre dans une grange un jet pack dont il se sert pour réaliser le plus vieux rêve de l’homme (non, pas rencontrer George Clooney, mais presque : voler). Et puis arrive ce qui doit arriver dans ce genre de film, il sauve quelqu’un. C’est le début d’une aventure mêlant action, politique et espionnage. Des gentils ricains, des méchants nazis, une belle à sauver et un sidekick rigolo, tous les ingrédients sont là !
Et ça marche super bien. Déjà parce que Joe Johnston maîtrise bien son sujet. Le pulp, il est à l’aise dedans. Et au-delà du côté super-héroïque, Les Aventures de Rocketeer est un super film d’aventure (donc oui, le titre français n’est pas mensonger), retro juste ce qu’il faut, parfaitement maîtrisé, et servi par un chouette casting de seconds rôles (Billy Campbell, Jennifer Connelly, Alan Arkin, Paul Sorvino, Terry O Quinn et surtout Timothy Dalton dans son meilleur rôle).
Le film n’a malheureusement pas connu le succès mérité (35 millions de budget, et un petit 45 millions de recettes), mais s’est rapidement constitué une armée de fans (dont je fais partie) qui tentent chaque jour de propager la bonne parole.
Voyez ce film, il est ultra cool !
– CHRONICLE –
Chronicle marie deux genres qui étaient populaires en 2012 : le film de super-héros et le found footage.
Le found footage – ou “Métrage trouvé” dans la langue de Kendji Girac – est un genre cinématographique qui est revenu à la mode avec Le projet Blair Witch, et a connu son heure de gloire après le carton de Cloverfield en 2008. Le principe est que la caméra se trouve dans le film, et que les images sont filmées par l’un des personnages. C’est un genre cinématographique qui dispose de certaines qualités chères aux producteurs : c’est petit, c’est pas cher et ça peut rapporter gros. C’est un genre qui n’a en revanche pas beaucoup de qualités pour le spectateur, puisque ce sont en général de grosses arnaques consistant à donner une caméra de merde à un acteur médiocre qui va la remuer dans tous les sens pour faire croire qu’il se passe quelque chose.
Mais toute règle à son exception, et il existe quand même quelques bons found footage. Chronicle en fait partie.
Chronicle raconte l’histoire de quatre adolescents qui, un soir, vont s’approcher un peu trop près d’une météorite venue de l’espace (comme beaucoup de météorites me direz-vous). Cette exposition va leur faire développer de nouvelles capacités, des “pouvoirs” comme on dit par chez nous. Certains les utiliseront pour faire le bien, d’autres pour faire le mal. Je ne vous en dit pas plus, vous connaissez la rengaine. Alors oui, le pitch est un peu teubé, mais le traitement qui va en découler est bon.
Chronicle se veut être un film de super-héros ordinaire. Que se passerait-il, en vrai, si des ados de 16 ans développaient des super-pouvoirs. Et globalement, le film tient cette promesse. C’est à la fois un vrai film de super-héros et une chronique adolescente, plutôt bien écrite. La mise en scène façon “found footage”, loin d’être gadget, tend en plus à renforcer le côté réaliste de l’histoire racontée. Oui, le found footage avec un vrai réalisateur à la barre, ça peut être bien. Si, si.
Ce film est une belle réunion de talents, devant et derrière la caméra. On promettait d’ailleurs à l’époque de belles carrières à ce petit monde, mais malheureusement, leur destinée aura été différente : Josh Trank, le réalisateur, s’est cramé avec le reboot des 4 fantastiques, Max Landis, le scénariste, a vu sa carrière stoppée suite à des accusations d’abus sexuels, Dane Dehaan s’est illustré dans pas mal d’échecs commerciaux (Amazing Spiderman 2, Valerian, A cure for life). Seul Michael B. Jordan a réussi à rester sur le devant de la scène, en jouant notamment le méchant du premier Black Panther.
Chronicle avait eu son petit succès à l’époque (130 millions de dollars de recette pour un budget de 12 millions de dollars), mais avec le temps, il semble avoir disparu dans les limbes de la mémoire collective. Dommage, c’est toujours cool de le revoir.
– MYSTERY MEN –
Avez-vous déjà rêvé de voir Ben Stiller en super-héros ? Moi oui… Et c’est (entre autres) ce que propose Mystery Men.
Champion City est protégé par le Capitaine Admirable (Captain Amazing dans la langue de Fifty Cents), un super-héros tellement fort qu’il est parvenu à anéantir la grande criminalité. Reste les petits malfrats, les loosers et les criminels à la petite semaine, du menu-fretin géré par des super-héros de seconde zone. Lorsque le Capitaine Admirable libère sa nemesis, Casanova Frankenstein, pour récupérer le sponsoring de Pepsi, son plan bien huilé se retourne contre lui. Désormais prisonnier, il laisse Champion city aux mains des criminels, avec pour seuls protecteurs des super-héros de bas-étage : M. Furieux (qui tire sa force de sa colère sa limite), La Pelle (qui se bat avec une pelle), Le fakir bleu (lanceur de cuillères et de fourchette), L’invisible (qui devient invisible sauf quand on le regarde), La boule (qui se bat avec une boule de bowling) ou Le Sphynx (qui est terriblement mystérieux).
Mystery Men aurait pu être juste une comédie potache. C’est est d’ailleurs une. Mais pas que. On sent, derrière chaque détail de cet univers, que ses créateurs connaissent leur sujet et ont pour ambition de faire un film de super-héros respectueux de son héritage. Ce genre de parti-pris peut sembler évident aujourd’hui, mais ça ne l’était clairement pas en 1999. Le réalisateur, Kinka Usher, crée un environnement urbain qui s’inspire des comics, mais aussi des grands succès cinés de l’époque (et notamment les Batman de Tim Burton).
Peut-être un peu trop long pour son propre bien (le rythme est vraiment en dent de scie), Mystery Men n’en reste pas moins une bonne comédie, remplie de répliques cultes et de scènes géniales, le tout servi par un casting d’enfer : Ben Stiller, Geoffrey Rush, Greg Kinnear, William H. Macy, Hank Azaria, Tom Waits, Eddie Izzards, etc.
Le film a été un méchant bide commercial. 68 millions de dollars de budget. 35 millions de dollars de recettes. À titre personnel, c’est d’ailleurs un des rares films que j’ai vu seul dans la salle de ciné (ma vie est tellement géniale !). Kinka Usher n’a jamais refait de film après. Dommage, car quand bien même le long-métrage n’est pas parfait, il reste l’un des meilleurs essais produits dans le genre “parodie”.
– ON L’APPELLE JEEG ROBOT –
Les américains, c’est bien, mais bon, il n’y a pas que ça non plus. La culture super-héros a des racines européennes (si, si), et quand bien même, sa portée culturelle est désormais mondiale. Pas étonnant que chacun veuille s’en emparer. En France, par exemple, on a eu l’an passé Comment je suis devenu super-héros, un film qui est… euh… sur Netflix (j’ai pas grand chose à en dire d’autre). En Italie, en 2017, ils faisaient On l’appelle Jeeg Robot (Lo chiamavano Jeeg Robot dans la langue d’Eros Ramazzotti).
Jeeg Robot raconte le destin d’Enzo, un petit voleur romain qui, un jour, entre en contact avec des substances radioactives (genre bidon avec de la bouillasse verte fluo dedans). Cela lui confère de nouvelles capacités, notamment une force surhumaine et une faculté de régénération. Un grand pouvoir impliquant de grandes responsabilités, Enzo va peu à peu utiliser ses pouvoirs pour faire le bien, et pour s’opposer au Gitan, un criminel psychopathe qui terrorise tout Rome.
Alors d’accord, le prix de l’originalité n’est pas remis à Jeeg Robot. Néanmoins, l’exécution est plutôt cool. On l’appelle Jeeg Robot est une bonne surprise, un film de super-héros qui respecte tous les codes du genre mais qui est suffisamment déviant par rapport à ce qui se fait d’ordinaire pour constamment surprendre le spectateur. Gabrielle Mainetti, le réalisateur, joue un jeu d’équilibriste entre drame, comédie, film social, film d’action, film de gangster, et parvient à conserver un excellent équilibre qui donne à son long-métrage une identité unique (malgré des codes vus et revus, et parfois utilisés de façon super cliché). Même si je trouve le scénario un peu long et mal équilibré (la mise en place est très longue, le dénouement super rapide), On l’appelle Jeeg Robot bénéficie de belles qualités, notamment une galerie de personnages hors-normes et un cadre (Rome) que l’on n’est pas habitué à voir exploité dans ce genre de productions.
On notera que le film a reçu plusieurs David di Donatello (l’équivalent italien des oscars… ne me remerciez pas) : meilleur premier film, meilleur acteur, meilleure actrice, meilleur acteur dans un second rôle, meilleure actrice dans un second rôle, meilleure production, meilleur montage. Comme quoi, en Italie, on peut faire un film de super-héros et être récompensé par les institutions officielles !
– SUPER –
J’ai gardé le meilleur pour la fin ! (En vrai non, c’est juste le hasard de l’ordre alphabétique, mais on va faire semblant). Super est le deuxième film de James Gunn, futur réalisateur des Gardiens de la Galaxie (1 et 2) et de The Suicide Squad (2 donc). Et c’est, je trouve, son meilleur film.
Le principal défaut de Super, ça a été d’arriver après le succès de Kick Ass, dont il partage le concept général (celui de mettre en scène des super-héros ordinaires). Gunn a beau crier à qui veut l’entendre qu’il avait commencé le tournage avant le succès du film de Matthew Vaughn, tout le monde ne retiendra de lui le fait qu’il soit sorti après. Dommage.
Après que sa femme l’ait quitté pour un trafiquant de drogue, Franck a une vision mystique : il doit combattre le crime. Il devient alors Éclair Cramoisi (Crimsolt Bolt dans la langue d’Eminem), super-héros ordinaire combattant le crime chaque soir dans les rues. De défaites en échecs, il est rejoint par Libbie, qui endosse à son tour un costume pour l’aider dans sa mission.
Au petit jeu des comparaisons, Super est bien plus réussi que Kick Ass. Plus jusqu’auboutiste, moins consensuel, il cache sous ses airs de farce potache complètement débile un regard acéré sur le monde, les gens ou le genre super-héros. Vous pouvez ajouter à cela un casting quatre étoiles (Rainn Wilson, Elliot Page, Kevin Bacon, Liv Tyler, Michael Rooker, Nathan Fillion, Gregg Henry), ainsi qu’un sens du rythme et du gag qui ne souffre d’aucune fausse note, notamment dans son final mi-drôle, mi-pathétiquement triste.
Le film a été un méga flop au box office (2,5 millions de dollars de budget, et seulement 500 000$ de recettes), et pourtant, de ces cinq films, si vous ne devez en voir qu’un, c’est celui là (et si possible dans la langue de Britney, la version dans la langue de Lorie étant vraiment nulle).