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Un huis clos narratif à la française qui se démarque intelligemment des productions Telltale. Jamais nébuleux dans ses mécaniques de choix, le titre incorpore juste ce qu’il faut de jeu de rôle pour contourner le piège des dialogues passifs tout en nous incitant à explorer chacune de ses ramifications narratives.

Je profite de l’opportunité que j’ai de laisser une nouvelle fois ma plume parmi les pages de Geek Magazine, non pour parler d’un tout nouveau jeu, mais plutôt pour mettre en valeur un jeu vieux de quelques années qui, selon moi, est très loin d’avoir eu la visibilité et le succès mérités. Or, comme égoïstement j’ai envie de voir apparaître d’autres jeux s’inspirant de la même philosophie de gameplay, c’est tout dans mon intérêt que le plus de joueurs possibles le découvrent. Comment décrire ce game play ? Un jeu narratif avec une forte composante RPG.

Le jeu en question (qui est français, cocorico!) s’appelle The Council. Il s’agit peut-être d’un des jeux les plus lovecraftiens auxquels j’aie joué, bien qu’officiellement il n’y ait aucune parenté (mais bon, en se débrouillant bien, il y a même moyen de mettre la main sur le Necronomicon pendant l’aventure, même s’il n’est jamais nommé ainsi).

Partons sur l’histoire, déjà attrayante : à la fin du XVIIIe siècle, une mère et son fils, trempant tous deux dans des histoires d’occultisme, mènent diverses aventures afin d’acquérir des reliques. Après une scène de prologue permettant de découvrir la complicité singulière entre ces deux personnages, la mère part sur une île afin de récupérer un grimoire. Seulement voilà : depuis, plus de nouvelles. Nous jouons le jeune occultiste qui décide de se rendre à son tour sur les lieux, après avoir reçu une lettre le conviant à venir sur place afin d’aider le propriétaire à retrouver la fameuse mère disparue. Sur l’île, nous croiserons un cardinal bien placé pour devenir pâpe, un certain Washington, un certain Napoléon Bonaparte… Le jeu s’amuse à reprendre les thèmes des illuminatis avec l’idée d’un petit nombre se mettant d’accord sur la destinée du monde. Se joueront ainsi en parallèle une intrigue politique devant décider de l’avenir de l’Europe et des jeunes Etats-Unis, ainsi qu’une enquête faisant la part belle au fantastique.

Si l’histoire en elle-même est déjà alléchante, ce que j’adore dans ce jeu qu’on pourrait décrire comme narratif est son caractère RPG. Nous n’avons pas moins de 18 compétences dans lesquelles nous allons investir des points et que nous ferons progresser tout au long de l’aventure. En quoi est-ce original ? Eh bien, les compétences en question n’ont rien à voir avec ce qui se fait d’habitude. Je me souviens de ma frustration en jouant à Sinking City, un RPG dans un univers lovecraftien bourré de qualités, mais dont les compétences avaient tout de frustrant : uniquement des compétences de combat, soit augmentant mes dégats avec telle ou telle arme, soit améliorant ma santé physique ou mentale. Je voulais une aventure de type investigation et je me retrouvais à défourailler du monstre à tout va.

Dans The Council, c’est tout le contraire. Les compétences que nous pouvons choisir sont : politique, intimidation, psychologie, archéologie, linguistique, séduction, occultisme et j’en passe ! Que des compétences éloignées des combats permettant une immersion complète dans l’investigation, se regroupant dans trois grandes catégories : enquêteur / occultiste / diplomate. Pendant tout le jeu, nous aurons sans cesse l’occasion de mettre à profit ces qualités et connaissances. Ainsi, lors d’un dialogue, un niveau suffisant en psychologie me permettra de deviner si un personnage parait sincère ou non. En lisant un document, ma compétence en politique me permettra ou non de comprendre les incidences de ce que je découvre. En découvrant des inscriptions, ma compétence en linguistique me permettra de les traduire ou non. Et c’est comme ça tout le temps !

Rajoutons à cela une direction artistique réussie (je laisse à chacun juger sur les images). A l’instar d’un Dishonored, ce choix de personnages un peu caricaturaux permet probablement au jeu de supporter l’âge mieux que d’autres. De fait, il s’agit d’un jeu auquel j’ai déjà rejoué avec plaisir. Tout cela pour dire que je ne saurais que trop vous conseiller de le tester, d’autant plus qu’il est régulièrement vendu à prix réduits, que ce soit sur le PS store ou sur GOG, par exemple. Bon jeu ! En espérant retrouver ces éléments de gameplay chez d’autres développeurs à l’avenir…

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