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En annonçant un « héritage » ce troisième (enfin quatrième, techniquement) Ghostbusters ne nous trompe pas sur la marchandise. Disons-le tout net : le passage de flambeau est plutôt réussi entre icônes des 80's et rejetons du nouveau millénaire, d’une génération de chasseurs de fantômes à une autre…

Who you gonna call ?

80's style

Le pitch : une mère célibataire en galère s’installe, avec son fils et sa fille, dans une bourgade paumée pour vivre dans le manoir légué par son père, un ermite à la réputation de fou reclus après avoir abandonné ses proches. Les enfants vont vite comprendre que leur grand-père cachait d’étonnants secrets…

SOS Fantômes – L’Héritage s’inscrit dans la tradition des « films de bande d’enfants » des 80’s façon Amblin (le studio de Spielberg). On pense donc naturellement à E.T. ou aux Goonies en voyant ces ados en décalage social faire amis-amis face à une menace commune. On pense aussi au Ça de Stephen King, ou à Stranger Things, étant donné le contexte fantastique et (gentiment) horrifique. Une transposition dépaysante du concept de Ghostbusters (après un essai raté avec des chasseuses de fantômes), ce d’autant plus qu’en sus des protagonistes le cadre urbain change également au profit de la campagne.

Vous l’aurez compris, l’Héritage joue sur tous les tableaux en mettant en scène une “célibattante” et son foyer décomposé, tout en faisant l’éloge de la famille et du legs entre grand-père injustement méprisé et petite fille. Le film affiche ainsi un esprit un peu conservateur assumé à contre-courant de la tendance actuelle, tout en cherchant à moderniser son propos. Un exercice délicat, qui peut aussi bien plaire à tous qu’à personne…

Ghostbusters next-gen

Portrait de famille

Comme chacun sait, le secret d’une bonne comédie repose à 50% sur un casting réussi et bien dirigé. À ce niveau-là, l’Héritage s’en sort bien, entre ses adultes lunaires immatures à la ramasse et ses enfants matures débrouillards parfaitement incarnés. Toutefois, force est de constater que l’Héritage repose surtout sur les épaules de Phoebe. Nerd intello immédiatement attachante, pendant miniature d’Egon Spengler, son personnage est un peu la porte d’entrée de la nouvelle génération dans l’univers de Ghostbusters. En comprenant avant tout le monde la nature surnaturelle des événements, malgré son caractère cartésien, le personnage a systématiquement un coup d’avance sur les autres personnages (cf. la métaphore du jeu d’échec) et remet en place les pièces du puzzle (cf. le casse-tête du plancher). Véritable locomotive du film, elle fait ainsi office de lien entre 1984 et 2021.

Règle N°1 : ne jamais croiser les effluves

1984 vs 2021

Ou plutôt “1984 + 2021”, le film fonctionnant sur deux niveaux complémentaires. Concrètement, une strate du métrage s’adresse aux nostalgiques, qui retrouveront nombre d’éléments iconiques issus des deux premiers films, à commencer par l’ambulance légendaire (à moins qu’il ne s’agisse d’un corbillard, à vérifier…) en passant par la boîte-piège culte. L’autre est destinée aux enfants, et ils étaient nombreux dans ma salle. Plusieurs résumés assez explicatifs ponctuent le film, ainsi que les fausses publicités de l’original, histoire de bien leur faire comprendre qui sont ces fameux Ghostbusters qui ont marqué leur époque (après tout, ils sont censés avoir sauvé le monde…). Globalement, ça fonctionne sur les uns. N’étant pas un enfant, je ne saurais dire pour les autres… Mais en sortie de salle ils semblaient comblés.

C'était mieux avant

A l'ancienne

Formellement, la réalisation suit une logique de comédie familiale 80’s et prend le temps d’exposer ses personnages, ses décors, installe des éléments explicités par la suite… Une mise en place “à l’ancienne” un peu plan-plan loin des canons modernes, qui a le mérite de nous immerger progressivement dans l’histoire… au risque de déstabiliser une génération habituée aux jump-cuts. Le film a ce mérite de choisir un parti-pris old school, mais tout en modernisant certains contenus histoire de ne pas totalement s’aliéner le jeune public (le langage djeun, le podcast, la voiture télécommandée…). Ainsi, les chasses aux fantômes sont dynamisées par l’exploitation de la voiture, jadis uniquement utilisée pour les déplacements de l’équipe. L’articulation de plusieurs leviers (mobilité de la voiture + siège éjectable + piège télécommandé + destruction massive de la ville) permet de booster une action qui, dans les deux premiers films, restait limitée aux moyens de l’époque.

Une chasse aux fantômes plus speed

Les fatidiques bémols

Alors, succès sur tous les plans ? Après deux actes maîtrisés, il faut bien reconnaître que le film patine un peu sur la fin. Lorsqu’il veut rattacher ses wagons aux films des années 80, il tourne un peu au fan-service, délaisse les personnages de ses deux adultes maladroits pourtant brillamment amenés, et pédale dans la choucroute. Le final arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, et le recyclage d’un méchant qui fonctionnait dans les années quatre-vingt apparaît aujourd’hui un peu kitch. Mais surtout, en évitant de spoiler, le final pensé comme un hommage s’étire comme un chewing-gum en une scène au final assez dérangeante, qui pourtant démarrait bien avec un méga-piège et une idée de transmission familiale très émouvante. Pas de quoi se priver d’un bon spectacle, mais on est loin des conclusions apocalyptiques des deux premiers films.

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Auteur pour plusieurs gammes de jeux de rôle (Wasteland, les Ombres d'Esteren) et Scénariste/Rédacteur pour Jeux de Rôle Magazine.

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